mercredi 6 octobre 2021
La dernière héritière du Château de Ruthie
vendredi 7 mai 2021
Gratian Ducque (1600 - ap. 1682), mon ancêtre né sous Henri IV
Signatude de Gratian De Ducque en 1664 |
samedi 6 février 2021
Le soldat qui partit à l'armée à la place d'un autre
Pour resituer le contexte, nous sommes en juillet 1821. Napoléon 1er est mort à Saint-Hèlène deux mois auparavant et le trône de France (et de Navarre), est à nouveau occupé par Louis XVIII depuis juillet 1815*. C'est la période que les historiens qualifieront de Seconde Restauration.
Détail qui a son importance pour ce qui va suivre, le service militaire obligatoire a été rétabli le 12 mars 1818 par la loi Gouvion-St-Cyr et sa durée en a été fixée à six ans. Le tirage au sort est en vigueur pour recruter 40 000 conscrits par an, soit un homme sur dix. La possibilité de se faire remplacer qui avait donné lieu à des surenchères folles sous l'Empire est maintenue.
Le 9 juillet 1821 se présentent donc à l'étude de M° Harismendi Bernard Arroqui de la commune des Aldudes et son père Pierre. Ce Pierre Arroqui (1766-1847) est le petit-fils de mon sosa 378, Peillo De Sarry dit Arroqui. Un collatéral assez éloigné donc mais qui me permet d'aborder un sujet que je n'avais encore jamais évoqué.
Pierre, appelé aussi "Bethi" Arroqui, cadet de Haltçart (ou Haltçartenia) des Aldudes est métayer à la borde de Louisenia lorsque son fils Bernard naît le 7 Germinal an VII (27 mars 1799) et non le 27 comme le note le notaire dans l'acte de remplacement. La mère, Marie Laxague, n'est pas présente. On imagine que tout ceci est une affaire d'hommes...
Bernard a obtenu le numéro 80 au tirage au sort de 1820 pour les conscrits de l'année précédente mais il s'est porté volontaire - avec le consentement de son père - pour remplacer au service militaire un conscrit qui lui, a tiré un mauvais numéro. Ce dernier, Miguel Ipoutcha, laboureur, est né le 29 janvier 1798 à Ossès (là, je suis obligée de croire notre bon notaire sur parole, les registres des cette époque pour cette commune ayant disparu).
Miguel est le fils de Martin Ipoutcha et de Marie Urretiber, maîtres de la maison d'Ipoutchennia à Ossès, quartier d'Exare. A la grande loterie de l'Armée de 1818, il a tiré le numéro 23 et il vient juste d'être appelé sous les drapeaux. Malheureusement pour notre récit, le régiment n'est pas précisé dans l'acte.
Le remplacement de Miguel par Bernard est donc acté moyennant la somme de huit cent francs sur laquelle les deux parties se sont entendues. Le jour même de la signature de l'acte, Bernard reçoit 300 francs. Le solde de 500 francs doit lui être payé par Martin Ipoutcha dans un an. Pour ce faire, le laboureur n'hésite pas à hypothéquer sa maison d'Ipoutchennia et ses dépendances (basse-cour, jardin, bordes, terres, vignes, bois, fougeraies...).
On le voit l'affaire est sérieuse ! On imagine que Martin Ipoutcha, propriétaire, a vraiment besoin de bras et ne peut se passer de son fils alors que Pierre Arroqui, cadet, métayer, peut faire sans le sien. À moins que Bernard n'ait eu simplement le goût de l'aventure...
Une autre condition du contrat est intéressante : les 300 francs du premier versement devront être entièrement restitués à Martin Ipoutcha si Bernard Arroqui désertait avant l'expiration d'une année. Cette clause sera portée à son contrat militaire et son père Pierre s'y engage solidairement.
Preuve encore s'il en fallait de l'enjeu de ce contrat, les deux témoins de l'acte de remplacement sont Dominique Ibarnegaray, huissier à Saint-Etienne et Martin Arrambide, maire de la commune des Aldudes qui signent tous les deux mais aucune des parties en présence "pour ne savoir ni écrire ni signer".
vendredi 22 janvier 2021
Mes ancêtres de la vallée des Aldudes (I)
Janvier est propice aux bonnes résolutions ou pour le moins à se fixer des objectifs. En 2021, l'un des miens est de m'intéresser aux branches les plus dénudées de mon arbre. C'est ainsi que je me suis aperçue que si mes ancêtres souletins avaient de moins en moins de secrets pour moi, c'était loin d'être le cas pour les Bas-Navarrais. Ma grand-mère paternelle, Marie-Anne Etchemendy est native de Saint-Jean-le-Vieux, son père venait de Mendive et sa mère de Valcarlos en Navarre espagnole.
Jusque là, je m'étais très peu intéressée aux Aldudes, grave lacune car cette vallée pyrénéenne aux confins de l'Espagne est non seulement réputée pour sa beauté mais aussi pour son riche passé. Pour la petite histoire, le village aurait été fondé au 16e siècle par des cadets de Baïgorry écartés du droit de propriété du fait de la tradition ancestrale basque de favoriser les aînés dans la transmission du patrimoine.
Le grand-père maternel de ma grand-mère Marie-Anne, Jean Biscatchipy dit Gachté avait épousé à Saint-Jean-le-Vieux le 19 février 1871 Marianne Saroiberry des Aldudes. Quatrième d'une fratrie de sept enfants dont au moins une sœur émigrée en Argentine, elle est la fille de Mathieu ou Mathias Saroiberry (ca 1784-1858), maître de la borde d'Esquerra aux Aldudes et de Marie Erramuspé (ca 1800-1850) dont l'origine reste encore un mystère à éclaircir pour moi.
Je reviendrai dans un prochain billet sur les Saroiberry mais mon propos pour l'heure est d'illustrer une fois de plus la difficulté pour le généalogiste profane de s'y retrouver dans le maquis des patronymes et domonymes basques. J'ai plusieurs fois eu l'occasion de donner ici des exemples de noms de maisons qui s'étaient progressivement substitués au nom de famille mais là, avec la branche Coscorchilo des Aldudes, on atteint des sommets !
A suivre...