Affichage des articles dont le libellé est Morón. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Morón. Afficher tous les articles

jeudi 12 décembre 2019

Mémoires d'Adrien

L'histoire suivante est une fois de plus à la croisée des chemins entre le sort des cadets, l'importance du nom de la maison et l'émigration massive des jeunes Basques au 19e siècle. L'un de mes précédents billets évoquait le destin d'André Eppherre, l'un des frères de mon arrière-grand-père Dominique Eppherre (1851-1928). Installé à Morón en Argentine, "Andrès" avait eu douze enfants avec sa femme Gabriela.

Leur cinquième enfant, une fille prénommée Maria, avait été portée sur sur les fonts baptismaux lors de son baptême en 1872 à Morón par un certain Adrian Eppherre que j'identifiais comme un frère cadet d'André mais dont je ne parvenais pas à retrouver la trace sur FamilySearch. Et voilà que récemment, je suis contactée sur Geneanet par une lectrice de mon blog qui s'avère être ... l'arrière-petite-fille d'Adrian !

Mariana va m'apporter l'explication que j'attendais, la raison pour laquelle je ne parvenais pas à retrouver Adrien devenu Adrian c'est tout simplement parce que ce dernier avait choisi de faire souche en Argentine sous le nom de Harismendy et non Eppherre ! Harismendy comme le nom de la maison qui l'avait vu naître le 28 mars 1848 à Sunharette.

A-t-il voulu couper les ponts avec son grand-frère Andrès ? Créer sa propre "dynastie" sous un autre nom ? Adrian Eppherre se marie le 9 août 1873 avec Marie-Anne Uthurry, elle-même Souletine et native de Sorholus, en la cathédrale Inmaculada Concepción de Moron, "fief" de son frère qui logiquement est son témoin. Puis, Adrian devenu Harismendy et Mariana partent s'installer à  300 kilomètres de là, à Tapalqué, où leur premier enfant Clementina naît quatre ans plus tard. Elle sera suivie de quatre frères et sœurs.

Au recensement national de 1895, Adrian Harismendy, 46 ans, est commerçant, domicilié en ville (Cuartel 1, poblacion urbana) de Tapalqué. La famille se compose de sa femme Mariana Ythurry (!) 42 ans et de leurs quatre enfants Clementina, 17 ans, Bernardo, 14 ans, Amelia, 12 ans et Luisa, 4 ans. Un petit Adrian fermera la marche un an plus tard en 1896.

Ma correspondante argentine et pas si lointaine cousine (nos arrière-grand-pères étaient frères), Mariana Larcamón, est la petite-fille d'Amelia Harismendy, tout comme l'était la jeune "disparue" des années noires de l'Argentine dont j'ai fait récemment le portrait. Grâce à elle, je reconstitue cette branche argentine totalement ignorée jusque là parce qu'un cadet Basque avait préféré le nom de sa maison à son patronyme originel ! 

Je dédie ce billet à Mariana Larcamón dont c'est l'anniversaire aujourd'hui ! Feliz cumpleaňos, Urte buru on, prima !     

Illustration : Ramiro Arrue y Valle
Sources : AD64, Gen&0, FamilySearch, Geneanet et mémoire familiale.

lundi 9 avril 2018

Retour à Morón

L'avantage de faire régulièrement des recherches en généalogie, c'est que l'on sait mieux où chercher, avec plus de méthode et de plus en plus vite. Ainsi des registres de FamilySearch en Argentine, qui sont une mine quand on a des ancêtres qui y ont émigré massivement au 19e siècle. Forte de la récente plongée dans ces registres qui m'a permis de reconstituer l'histoire de la "petite Marie" et de ses soeurs, j'ai décidé de reprendre celle d'André Eppherre où je l'avais laissée.

Je suis repartie du Census de 1895 de Capitán Sarmiento et, avec l'âge des enfants, j'ai pu reconstituer toute la fratrie grâce à leurs actes de baptême et mettre enfin la main sur l'acte de mariage d'André "Andrès" et de Gabrielle "Gabriela" Arcurux. Ils se sont bien unis à Morón le 22 juin 1868, soit un an après leur traversée.

Un petit mystère demeure cependant, dans le recensement, le couple dit avoir eu treize enfants, je ne leur en ai trouvé que douze, tous nés à Morón entre 1868 et 1885 dont quatre décédés prématurément et inhumés à Morón. Quant aux "jumelles", elle n'en étaient pas : Graciana, l'aînée, est née le 12 décembre 1868 et Juana Maria dite Mariana, sa cadette, le 15 janvier 1870.

Tous les enfants sans exception ont été baptisés en la Catedral Basílica Inmaculada Concepción del Buen Viaje de Morón, édifiée sur les ruines d'une vieille église et consacrée en juillet 1868, ce qui laisse penser que le mariage d'André et Gabrielle et le baptême de leur première fille furent célébrés dans une cathédrale flambant neuve ! 
   
Une autre leçon que nous apprend la généalogie c'est de combattre les idées toutes faites et les déductions hâtives. Bien sûr les conjectures sont toujours possibles (conjecturons, donc ! comme l'exprimait récemment un généablogueur qui se reconnaîtra...) mais il faut tout de même s'en méfier.

Ainsi, avais-je conclu hâtivement dans le premier billet consacré à André que c'est en tant que cadet qu'il avait été obligé de s'exiler. Or, quelle ne fut pas ma surprise de m'apercevoir que son demi-frère Jean-Baptiste Etchegoren, l'aîné de la fratrie, était lui aussi parti en Argentine et mieux, qu'il avait été témoin de son mariage !

Devenu Bautista tantôt Etchegoren tantôt Etchegoien (!), âgé de vingt-neuf ans au moment du mariage de son demi-frère (il était né le 18 mai 1839 à Sunharette d'Anne Inchauspé et de son premier mari Pierre décédé en 1838), il sera aussi le parrain de Graciana, le premier enfant du couple.

Jean-Baptiste "Bautista" va à son tour se marier à Morón le 17 mars 1871 avec une Maria Etchandi de quatorze ans sa cadette qui lui donnera trois filles nées entre 1872 et 1876 toutes prénommées Maria (!). Adrien Eppherre, son demi-frère et frère cadet d'André, s'est lui aussi installé à Morón où il a épousé le 21 août 1873, une demoiselle Mariana Uturry. Mais je perds ensuite complètement la trace de ces deux frères...

André quant à lui, a dû quitter Morón pour Capitán Sarmiento avec sa femme et leurs sept enfants entre 1892 et 1895. En effet, leur fille cadette Mariana avait épousé à Morón le 20 septembre 1890 José Iriarte, un basque espagnol de Pampelune dont elle aura deux garçons et une fille entre 1891 et 1893, les deux aînés nés à Morón.

La petite famille apparaît dans le même recensement de Capitán Sarmiento que celle d'André. Ce dernier, de petit exploitant ("chacarero") est devenu éléveur ("ganadero") à l'instar de son gendre, José. Je n'ai pour l'instant pas épluché les archives de Capitán Sarmiento, plus limitées que celles de Morón, afin de savoir ce qu'il était advenu d'André et des siens.

En revanche, mon intuition me dit que le Pedro Eppherre évoqué dans un autre billet n'est pas un fils d'André comme je l'avais supposé (conjecturons, donc !) mais plutôt celui d'une veuve de Buenos Aires originaire de Barcus. Mais ceci est une autre histoire...

Illustration : El gallo y la Catedral de Morón, Taringa.net
Sources :   AD64Gen&OFamilySearchGeneanet, sur la Cathédrale de Morón (Instituto de Patrímonio Artístico y Arquitectónico)

lundi 28 décembre 2015

Quand une ville porte le nom d'une date

Editor : Pedro Eppherre, Cigarreria y Libreria
Voici quelques temps, ma belle-sœur m'envoie cette carte postale trouvée sur le net. Ce n'est pas tant le sujet qui m'interpelle, un bâtiment d'architecture classique dont la légende nous apprend qu'il s'agit d'une banque argentine, que le nom de l'imprimeur, Pedro Eppherre. Lorsque je la reçois, je la mets de côté, et n'y pense plus.

Et puis, voilà qu'à Noël, j’évoque en famille mes trouvailles récentes sur la branche argentine des Eppherre, et la carte me revient à l'esprit. On peut la dater facilement du début du 20e siècle puisque celui qui l'envoie note "avril 1909". Et mon frère de se rappeler alors que parmi la famille que nous venions d'évoquer, il existait un Pedro Eppherre.

Né le 20 septembre 1876 à Morón, province de Buenos Aires. ce Pierre (déclaré Pedro) est le septième d'une fratrie de onze enfants, celle d’André (ou Andrès) Eppherre, le frère de mon arrière-grand-père paternel Dominique (1851-1928) et de son épouse Gabrielle Arcurux, native d'Abense-de-Haut (lire ici). Du moins, grandes sont les probabilités pour que ce soit lui. Pour en avoir le cœur net, il me faudrait connaître l'origine de la carte, or j'ai beau la retourner, je ne trouve pas...

En revanche, une date est mentionnée : "Nueve de Julio" (9 juillet). Et à y regarder de plus près, je trouve ça bizarre. Mue par une intuition soudaine, je google cette "date" et apprend qu'il s'agit en fait d'une ville argentine située sur la Route Nationale 5 à 275 km à l'ouest de Buenos Aires et environ 250 de Morón.

Poursuivant mes recherches, je tombe sur la page Facebook du journal de cette ville de près de 48000 habitants aujourd'hui, fondée en 1863 ... un 27 octobre* (et non pas un 9 juillet**). J'y retrouve la trace de Pedro dans un article consacré à l'arrivée du phonographe à Nueve de Julio*. "Il fut l'un des premiers à vendre [des phonographes] au début du XXe siècle dans sa "cigarreria". J'imagine qu'il s'agissait d'un grand bazar doté d'une imprimerie..

Et voilà, on aimerait en savoir davantage sur la vie de cet aïeul. Est-il venu seul ou avec le reste de la famille ? A-t-il fait souche, voire fortune ? Encore des questions sans réponses... Et deux constats en guise de conclusion : l'entraide est essentielle à la généalogie et, de temps de temps, il ne faut pas hésiter à soumettre celle-ci à un regard neuf ...

* Sources : Wikipedia et Facebook  
** Le 9 juillet est en fait le Jour de l'Indépendance argentine