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mercredi 28 mars 2018

Une mère et ses filles en Argentine (IV) - La petite Marie

La "petite Marie" par qui toute cette histoire a commencé est la seule pour laquelle nous avons des dates précises de départ et d'arrivée. D'après les informations du Fonds Vigné, elle embarque à Bordeaux sur le "Ville de Saint-Nicolas" le 16 novembre 1887 et, grâce au Cemla, on sait qu'elle arrive en Argentine le 13 décembre suivant après sûrement une escale à Montevideo en Uruguay.

J'ai déjà évoqué dans un précédent billet la vie à bord durant cette traversée de près d'un mois d'après des témoignages d'époque. Rappelons que Marie n'avait alors que dix-sept ans ! Pour la distinguer de sa sœur aînée, nous l'appellerons désormais Maria car après tout, elle a dû porter plus longtemps ce prénom dans sa vie que ses variantes française ou basque.

Il n'a pas été très difficile de deviner quel avait été le point de chute de Maria à son arrivée : sa mère, ses sœurs Marie et Clémentine et leurs maris étaient tous à Juárez fin 1887. En revanche, un mystère entoure sa rencontre avec un certain Jean Sorhondo dont on ne sait rien ou presque si ce n'est qu'il a environ quinze ans de plus qu'elle et qu'il est basque français.

Ils se marient en 1888, assez vite après l'arrivée de Maria, donc. Le 21 mars 1889, Maria accouche à Avellaneda d'un petit Martin Benito qui est baptisé le 3 avril suivant en l'église Nuestra Señora de Asunción. Ses parrain et marraine sont des amis du couple et non des membres de la famille. Jean a peut-être pensé installer sa famille à Avellaneda avant d'opter pour Quilmes ?

Nous savons que la famille Sorhondo fera souche à Quilmes grâce au Census argentin de 1895. Il est fait mention dans le recensement de la population du Cuartel 3 (población rural) d'un Juan Sorhondo, 40 ans, journalier, accompagné de Maria S., 25 ans, et leurs trois enfants, Martin, 6 ans, Margarita, 4 ans et Pedro, 2 ans.

Autre information d'importance, la famille est également composée d'une Margarita Serviela de 70 ans et d'un Fernando Lagardo de 11 ans. Née en 1825, Marguerite a en effet soixante-dix ans et a donc rejoint sa fille cadette à Quilmes. Elle n'est pas venue seule, son petit-fils Fernando Lagarde, né en 1884, fils de Marie l'aînée, vit désormais avec elle chez sa tante, à la campagne. 

Enorme frustration que connaissent bien les généalogistes, l'absence de registres ! A Quilmes, ils ont disparu ou n'ont pas été numérisés après 1890. Jusqu'au bout Pierre Sorhondo aura gardé ses secrets. Il faudra attendre le mariage de sa fille Margarita à Coronel Pringles en avril 1913 pour apprendre qu'il est décédé entre temps.

Mais surprise, Maria, présente au mariage de sa fille, est toujours domiciliée à Quilmes où elle s'est remariée avec un certain José L. Bacigalupo ! Toujours grâce à la troisième génération, on comprend que les Sorhondo ont eu (au moins) un quatrième enfant à Quilmes, une fille prénommée Maria Josefa, née après 1895, et qui se marie avec son cousin germain Pedro Esponda, le fils de Clémentine, en 1919.

En 1920, à Laprida, Maria Serbielle de Barigalupo est marraine de son petit-fils José Mario, fils de sa fille Maria Josefa et de son neveu Pedro Esponda. Après l'avoir longtemps cherchée, je ne résiste pas à la tentation de faire valider ce billet par "ma petite Marie" ...
[A suivre] 

Illustration : Estación de Quilmes (non datée) Wikimedia 
Sources :   AD64Gen&OFamilySearchGeneanet, Wikipedia.

mardi 27 mars 2018

Une mère et ses filles en Argentine (III) - Clémentine

Clémentine est la deuxième fille à se rendre en Argentine. Son nom est mentionné dans les registres de Guillaume Apheça, un agent d'émigration, déjà évoqué. Il n'était pas simple à repérer dans la liste car libellé Clémentine Etchax (sic). Encore une fois le nom de la maison - mal orthographié de surcroît - a pris le pas sur le patronyme ! Elle embarque donc le 5 octobre 1880. On se prend à espérer que sa mère Marguerite Lohitçun aura fait le voyage avec elle mais rien ne permet de l'affirmer.

Comme sa sœur aînée Marie, Clémentine Servielle se marie à l'église Nuestra Señora de los Dolores avec un compatriote, Pierre Esponda, le 23 juillet 1883. Née le 18 mai 1863, elle a donc vingt ans, son promis en a trente-deux et est originaire d'Espelette. Le couple s'installe à Juárez où vivent déjà Marie et Marguerite, et la famille Esponda s'agrandit rapidement avec l'arrivée de José, au printemps suivant.

Suivront Margarita en mai 1886, Tomas en avril 1888, Maria en juin 1892, Pedro en mai 1894 et Ana en septembre 1896. Sans surprise, la marraine de Margarita est sa grand-mère Marguerite comme elle l'avait déjà été pour sa cousine Margarita Lagarde. La marraine de Maria est sa tante maternelle Marie Serviella (sic) qui est aussi marraine de Tomas dont le parrain est...Tomas Etcheverri, son compagnon.

De leur côté, Clémentine Servielle et Pierre "Pedro" Esponda seront les parrains de la petite Clementina Serviela-Etcheverri, celle que son père a reconnue. Tous ces baptêmes sont célébrés à Nuestra Señora del Carmen à Juárez où la cellule familiale s'est reconstituée. D'autant que bientôt, une autre fille de Marguerite va la rejoindre...

Le couple Esponda semble être à l'aise, et Pedro apparaît rapidement dans les actes en qualité de propriétaire d'hacienda. Au tournant du siècle, la famille va s'installer à Laprida, une "ville nouvelle" fondée en septembre 1889 sur des terres prises aux communes de Coronel Suarez et Juárez (voir carte). Six ans après sa création, au recensement de 1895, elle compte déjà 4290 habitants.

En 1918, la population de Laprida aura doublé, à l'instar de la famille Esponda. Cinq des six enfants vont se marier donnant naissance à une vingtaine de petits-enfants. Cette même année, l'automobile fera son apparition et parmi les 99 premières immatriculations, on comptera celle de ... Clementina Serbielle de Esponda !  

[A suivre]

Illustration : Juárez, Avenida Alsina y Banco de la Provincia de Buenos Aires (benitojuarez.gov.ar
SourcesAD64 (état civil), Gen&O (état civil et minutes notariales), FamilySearchGeneanet, Wikipedia.
eke-icb, Institut culturel basque, pour les registres de Guillaume Aheça 

Une mère et ses filles en Argentine (II) - Marie

Marie Servielle Etchats naît à Aussurucq le 12 décembre 1857. Trois garçons nés avant elle sont morts en bas âge et à peine un mois après sa naissance, un autre de ses frères meurt à son tour. Elle n'a donc qu'un frère aîné, Joseph, âgé de dix ans. Quand leur père décède, Marie n'a pas dix-sept ans et un an après, son frère se marie et hérite de la maison.

Comme beaucoup de cadets, Marie est destinée à rester domestique au service de son frère et de sa belle-sœur, les nouveaux maîtres, quitter sa famille pour se placer comme bonne dans une autre maison à Bordeaux ou Paris, ou rentrer dans les ordres. Ou bien, tenter sa chance "aux Amériques".

Une cousine germaine du côté maternel, un peu plus âgée qu'elle, Clémentine Etcheber, a embarqué en 1860 à destination de Montevideo puis s'est intallée à Dolores. Créée en 1817, la ville qui compte près de 8000 habitants, s'enorgueillit d'être le "berceau de la démocratie" en Argentine. Placée comme son nom l'indique sous la protection de "Nuestra Señora de los Dolores", une belle église de style roman est consacrée à la Sainte Patronne. 

C'est là que le 25 janvier 1881, Marie, âgée de vingt-trois ans, va convoler avec un certain Jean Lagarde, originaire d'Etcharry en Basse-Navarre. Clémentine Etcheber, devenue Clementina Etcheverry, est son témoin. De cette union vont naître trois enfants, Jean, le 27 janvier 1882, Margarita, le 26 août 1883 et Fernando, le 1er novembre 1884. Les trois enfants sont baptisés en l'église "Purificación de la Virgen María" d'Ayacucho.

Après son mariage, le jeune couple semble en effet avoir quitté Dolores pour Ayacucho, une ville à environ 150 kilomètres au sud-est de là, en pleine pampa. C'est probablement là, entre 1881 et 1883, que Marguerite, la mère de Marie va rejoindre sa fille puisqu'elle est la marraine de la petite Margarita en août 1883.

Jusque-là, la vie de Marie en Argentine est assez facile à suivre. C'est après que tout se complique... A partir de 1885, nous perdons la trace de Jean Lagarde. Marie reparaît quant à elle en 1887 à Juárez où le 13 octobre, elle donne le jour à une petite Clementina Serviela (sic) de père inconnu. L'enfant naturelle est reconnue a posteriori par son père, Tomas Etcheverri. Sur l'acte de reconnaissance, le père signe Thomas Etcheberry. A-t-il un lien de parenté avec la cousine Clémentine Etcheber ?

Marie aura encore deux enfants nés de père inconnu en 1892 et 1896, José Pedro et Graciana, baptisés également à Juárez. Puis une petite dernière, Florentina, naît le 14 mars 1902 toujours de père inconnu, et elle on lui donne pour marraine sa demi-sœur Margarita Lagarde, âgée de dix-neuf ans (!). Le baptême de Florentina a lieu à Coronel Pringles, le 22 octobre de la même année, Marie a alors 45 ans !

Beaucoup d'interrogations demeurent au sujet de cette Marie. Où est passé son premier époux ? Est-il mort ? Ont-ils divorcé ? Si ses quatre enfants "naturels" étaient ceux de Thomas Etcheberry, pourquoi n'aurait-il reconnu que la première ? Que sont devenus les sept enfants de Marie dont aucun mariage ni descendance n'apparaissent dans les registres de FamilySearch ? Où Marie a-t-elle fini ses jours, à Coronel Pringles, son dernier domicile connu en 1902 ? Autant de questions pour l'instant sans réponses...
[A suivre]

Points de chute de la famille Serbielle, du NE au SO :
Dolores, Ayacucho, (Benito) Juárez, Laprida et Coronel Pringles 

Illustration : Ayacucho (non daté) Wikimedia
SourcesAD64 (état civil)Gen&O (état civil et minutes notariales)FamilySearch, Geneanet, Wikipedia.