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jeudi 23 août 2018

Comment faire taire les idées reçues sur un loisir jugé poussiéreux

Suite à mon précédent "billet voyageur" intitulé Saint-Jean-le-Vieux-Buenos Ayres-Saint-Jean-le-Vieux, un généalogiste amateur comme moi, m'a contactée via un réseau social. Il avait retrouvé sur FamilySearch ce qui lui semblait être l'acte de mariage à Buenos Aires de Jean Biscaïchipy et Marianne Sallaberry. Il concluait malicieusement son message ainsi : "Non, vos aïeux ne vivaient pas dans le péché". 

J'avoue que l'idée ne m'avait même pas traversé l'esprit ! Je savais que mes AAAGP s'étaient probablement connus là-bas, avaient eu ensemble une fille, Dominica, mon arrière-arrière-grand-mère et qu'à leur retour au pays, ils avaient régularisé leur situation en se mariant et en déclarant la naissance de leurs deux enfants (le second, Laurent, né en France). Pourtant, connaissant la piété des Basques en général, et en particulier celle de mes grands-tantes que j'ai bien connues, j'aurais dû y penser. Merci donc, à ce généreux contributeur !

Pour les non adeptes de la généalogie, ce "passe-temps" ou passion c'est selon, s'exerce seul dans son coin, en tête à tête avec son ordinateur (de nombreuses sources étant en ligne  aujourd'hui) ou bien dans une salle silencieuse d'archives poussiéreuses (encore une idée reçue : cf. photo !). Or il n'en est rien. Le réseautage et l'entraide règnent sur le petit monde de la généalogie où certains sont souvent prêts à vous communiquer leurs "tuyaux" voire à faire des recherches à votre place sans que vous n'ayez rien demandé !
Le Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque (PAB)
Par ailleurs, on rencontre des généalogistes de tous les âges, de toutes les régions de France métropolitaine et ultramarine et même de l'étranger, des professionnels comme des amateurs (très) pointus, et des plus "dilettantes" (comme moi). Ceux qui choisissent de partager leurs recherches sous la forme d'un "généablog", aiment aussi participer à des "challenges", à des défis collaboratifs comme #1J1P, à des ateliers d'écriture virtuels tels que le #RDVAncestral ou à des thématiques à l'instar des Généathèmes proposés par Sophie Boudarel.

Bref, la généalogie est loin d'être un loisir solitaire et étriqué. Mais surtout, on s'amuse bien ! Certains fils Twitter, notamment, n'engendrent pas la mélancolie ! Par ailleurs, c'est encore un des rares espaces sur la toile ou la bienveillance est de rigueur, il faut dire qu'il est rare qu'on parle politique avec les morts !   

Bon, après vous avoir fait partager ces quelques élucubrations, excusez-moi, je dois repartir à Buenos Ayres sur la trace de mes ancêtres basques qui ont encore beaucoup de choses à me raconter. ¡Hasta luego!

samedi 18 novembre 2017

La saga des Urrizaga (IV) - La rencontre

Mon vieux guide Baedeker de la République argentine à la couverture rouge écornée m'apprend que le quartier Villa Crespo de Buenos Aires est né en 1888 quand fut installée sur des terrains appartenant à la province de La Plata une usine à chaussures, la Fabrica National de Calzado. Je suppose que celle-ci a vu travailler de nombreux émigrés fraîchement arrivés du Pays basque.

J'avise une église toute simple et décide de pousser la porte pour m'y reposer quelques instants. San Bernardo, c'est son nom, est assez récente puisqu'elle date de 1896. A peine ai-je le temps de m'imprégner de la sérénité du lieu qu'un groupe de personnes y pénètre à son tour et se dirige vers le baptistère. Je m'installe au dernier rang pour suivre discrètement la cérémonie.

Soudain, une très jeune mère, le visage en partie dissimulé sous sa mantille, s'assoit près de moi et me sourit. Tout en essayant de calmer un bébé de quelques mois posé sur ses genoux, elle se présente spontanément :

"Bonjour, je suis Maria Victoria Urrizaga, et voici ma fille Ana Isubihere, elle a neuf mois et a mal aux dents !
- Oh bonjour ! Dites, je suis curieuse mais qui sont ces gens ?
- Vous voyez cette jolie femme qui porte le bébé sur les fonts baptismaux ? C'est ma mère, Ana Barcelona, la marraine, et l'enfant, c'est Ana Rosa, la première fille de mon oncle maternel Pedro Barcelona. Elle a deux mois et demi, elle est née le 30 août. Vous êtes française, non ? 
- Ça s'entend tant que ça ?
¡Claro que sí!" me lance-t-elle en riant et poursuit : "Mon oncle Pedro, vous savez, il est né en France, enfin, au Pays basque. Dans un village appelé Arnéguy. En fait, son vrai prénom, c'est Pierre."

Ma voisine me paraissant d'humeur bavarde, je décide d'en profiter :
"Alors votre mère aussi est née en France ?
- Non, c'est une curieuse histoire, vous savez. Mes grands-parents qui sont aubergistes à Arnéguy, Arnaud Barcelona et Marie Jaureguy, ont laissé leurs deux premiers enfants au pays et sont venus ici vers la fin des années 1850 quand l'Argentine accueillait des émigrés par milliers venant de toute l'Europe. 
Ma mère et son frère Guillermo sont nés ici en 1860 et 1862, puis mes grands-parents sont repartis à Arnéguy où ils ont eu Pierre en 1868 et Jeanne en 1871. Ma mère n'a jamais connu sa petite sœur mais elle sait qu'elle s'est mariée cette année en février avec Dominique Gaztambide, un maçon d'Arnéguy. En revanche, son petit frère lui, est venu vivre ici, et s'est marié l'an dernier avec Agustina Gonzales, une Argentine. Maman était son témoin et maintenant, elle est la marraine de sa première née".

Maria Victoria reprend son souffle et tandis qu'elle chatouille sa petite fille pour lui faire oublier ses quenottes, je "digère" toutes les informations qu'elle vient de me donner. Ce n'est pas la première fois que je suis confrontée à ces aller-retours entre le Pays basque et l'Argentine, c'était déjà le cas de ma trisaïeule Dominica Biscaitchipy, mais là, j'en reste sans voix.

Ma lointaine parente* s'est montrée si gentille que j'ai un peu de scrupules à me sauver comme une voleuse mais lui expliquer ma présence en ce lieu et en ce jour serait trop compliqué...
[A suivre]

*Maria Victoria est née à Buenos Aires le 17/11/1881, elle a donc presque 19 ans le jour de ce baptême, le 07/11/1900. Son père, Pedro Urrizaga, né en 1853 à Valcarlos est un frère aîné de mon arrière-arrière-grand-père Martin Urrizaga (sosa 22). 

Illustration : Photo du livre de Claudio Salvador "Villa Crespo y la industria del cuero". 
Sources : Geneanet, FamilySearch, AD64, Généalogie64Historia de Parroquias de Buenos AiresArgentina Exception
Ce billet a été réalisé dans le cadre du RDV Ancestral, un projet d'écriture mêlant littérature et généalogie. La règle du jeu est la suivante: je me transporte dans une époque et je rencontre un aïeul. Pour retrouver mes précédents billets sur ce thème, suivre le libellé #RDVAncestral.

mardi 7 avril 2015

Quand un Souletin faisait souche en Argentine (I)

Après François, candidat malheureux au départ aux États-Unis comme évoqué dans le précédent billet, je vous propose aujourd'hui de suivre les traces de mon lointain oncle d'Alçay, André, parti faire souche en Argentine.

Commençons par les présentations. André Eppherre est né le 1er juin 1842 à Sunharette (commune d'Alçay-Alçabehety-Sunharette) dans la maison d'Harismendy. C'est le premier né du couple formé par Anne Inchauspé (1812-1896) et Raymond Eppherre (1817-1897), mes trisaïeuls, dont j'ai déjà parlé.

Ayant trouvé un Andrès Eppherre âgé de 53 ans dans le census de Buenos Aires datant de 1895, j'avais deviné assez vite qu'il avait émigré. Ce que je ne m'expliquais pas c'était pourquoi lui puisqu’il était selon mes premières recherches l’aîné de la fratrie or traditionnellement, c'était plutôt le lot des cadets. L'explication est venue quand j'ai trouvé l'acte de mariage de ses parents et compris qu'Anne, héritière Harismendy, avait déjà eu un fils d'un premier mariage (lire ici).

Pour en savoir davantage sur les circonstances de son départ, je me suis aidée du site Visas en Bordelais qui rend fidèlement compte de l’émigration au départ de Bordeaux au cours du 19e siècle. On y découvre que le dénommé André Eppherre âgé de 25 ans, laboureur, né et domicilié à Alçay, Basses Pyrénées, a obtenu son passeport à Mauléon le 2  juillet 1867 et son visa, accordé par le préfet de la Gironde, le 5 juillet 1867.

André a embarqué sur le navire Africaine, armé au port de Bordeaux le 4 juillet 1867 (la date d'armement précédait de quelques jours celle de son départ effectif) à destination de Buenos Aires. C'était un trois mâts de 385 tonneaux, commandé par le capitaine Pitel secondé par quinze hommes d'équipage et dont l'armateur était la société de négoce bordelaise Beyssac & Gautier.   

Tout me porte à croire qu'il a embarqué seul encore que je n'ai pas trouvé d'information autre que sa demande de visa sur le site Visas en Bordelais (avec un peu de chance, on a parfois accès à la liste des passagers). Par ailleurs, je n'ai pas trouvé trace d'un éventuel mariage avant son départ.

En revanche dans le recensement de Buenos Aires, on note le nom et l'âge de sept enfants présents à ses côtés, trois filles et quatre garçons : Maria, 24 ans, Graciana, 24 ans (des jumelles ?), Juan, 22 ans, Pedro, 19 ans, Margarita, 17 ans, Cayetano, 12 ans et Bernardo, 10 ans. 

D'après ce même census, la famille habitait à Capitán Sarmiento dans la province de Buenos Aires à 145 km de la capitale argentine. Un jour, je ferai des recherches du côté de ces cousins argentins mais ceci est une autre histoire ...
[A suivre] 

Illustration : Angel Cabanas Oteiza
SourcesAD64Gen&OFamilySearch