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mercredi 11 novembre 2020

100 mots pour une vie : Jean Etchemendy (1877-1928)


En ce jour de commémoration de l’Armistice de 1918, je viens de retrouver cette photo de mon arrière-grand-père, Jean Etchemendy (1877-1928), un des poilus de la Grande Guerre. Gazé, il est reconnu invalide à 30% pour « troubles pulmonaires ». Chose rare, la mention « décédé des suites de blessures de guerre » figure sur son acte de décès le 3 juillet 1928 à St-Jean-le-Vieux. Il avait 51 ans et était père de sept enfants.

Avant de se marier, il avait tenté sa chance en Californie où, d’après sa fiche matricule, il s’était enregistré au Consulat de San Francisco en 1905.  

mardi 21 juillet 2020

Les 7 frères Ipharraguerre d'Estérençuby (V)

Le benjamin de la fratrie Ipharraguerre naît trois ans et demi après Louis. Prénommé Bertrand Philippe*, il voit le jour le 26 mai 1889 dans la maison familiale d'Estérençuby. Ses parents ont alors 46 et 43 ans et près de dix-huit ans le séparent de son aîné Pierre. Sans surprise, il est berger comme son père et ses six frères lorsqu'il est appelé sous les drapeaux. Son degré d'instruction est faible : 1, ce qui veut dire qu'il sait à peine lire. 

D'abord ajourné pour faiblesse en 1910, il est finalement rappelé en 1911 et versé dans le 1er régiment de zouaves d'Alger où il arrive le 16 octobre. Après Pierre en Argentine, Bertrand, Jean, Pierre, Michel et Louis en Amérique, le voilà posant le pied sur le sol africain. Décidément, il était écrit que les frères Ipharraguerre verraient du pays ! 

Zouave de deuxième classe, Philippe va prendre part pendant deux ans à des opérations militaires dans le Maroc occidental. C'est ce qu'on appellera la "campagne de pacification" ou, plus simplement, la Campagne du Maroc. Sous le haut commandement du Général Liautey, celle-ci visait à combattre les résistances de tribus marocaines à l'établissement d'un protectorat français (lequel aboutira finalement avec le Traité de Fès du 30 mars 1912).  

Le 18 septembre 1913, Philippe est rendu à la vie civile avec un certificat de bonne conduite. Réserviste, il reprend ses activités pastorales dans les estives d'Iramendy. Ses frères, Michel et Pierre sont rentrés d'Amérique trois ans auparavant pour épouser des filles du pays. On imagine la famille Ipharraguerre réunie autour de l'âtre de la maison Ampo, le père, la mère, les fils et les brus lisant les lettres des Amerikoanoak auxquelles sont peut-être jointes un mandat...      

Mais bientôt, les trois frères vont être happés par le tourbillon de l'Histoire et Philippe, pas plus que ses aînés, ne va échapper à l'ordre de mobilisation générale. Cette fois, il rejoint le 57e Régiment d'Infanterie, d'abord à Bayonne où il arrive le 3 août 1914 puis à Libourne. Le 57e dont la devise est "le terrible que rien n'arrête" sera de tous les combats de la Grande Guerre : Bataille de la Marne en septembre 1914, Verdun en 1916, Craonnelle en 1917, tristement célèbre pour ses 800 heures de combat, Somme puis Aisne en 1918.
Aucun fait d'armes mentionné dans le livret militaire de Philippe, pas de Croix de Guerre venue le distinguer comme ses frères Michel et Pierre. Un simple troufion qui fera toute la guerre, du Grand départ du 3 août 1914 au 3 novembre 1918 où il meurt des suites de ses blessures dans l'ambulance 6/18 à Nouvion et Catillon dans l'Aisne. Tombé pour la France à 29 ans.

Ainsi s'achève sur une note un peu triste l'histoire de ces 7 frères Ipharraguerre, sept destins de jeunes Basques de ce petit village de montagne pyrénéen où la Nive prend sa source.

Mais ceux qui s'adonnent à la généalogie savent que la page n'est pas toujours définitivement tournée. Qui sait si un jour je ne recevrai pas comme cela m'est déjà arrivé, un signe d'Argentine, d'Arizona ou d'ailleurs, qui me permettra d'en écrire la suite ?


Fin
* Pour simplifier, nous l'appellerons Philippe

Sources : AD64 (Etat civil et registres militaires) 
Campagne du Maroc : Wikipedia
Parcours du 57e RI : Chtimiste
MPLF : Mémorial GenWeb
Bibliographie : Les Poilus du Sud-Ouest "Le 18e Corps dans la Grande Guerre de Vincent Bertrand (Ed. Sud Ouest).
Illustrations : Cliquer dans la photo pour les deux premières, Delcampe.net pour la dernière.  

vendredi 17 juillet 2020

Les 7 frères Ipharraguerre d'Estérençuby (IV)

Downtown Glendale, Maricopa County, Arizona, années 1950
En 1920, Louis Ipharraguerre apparaît dans le US Census d'Aberdeen, Bingham County, Idaho. Sa femme, Grace et ses enfants Marie, 7 ans et Wendell, 3 ans sont mentionnés sous le même nom que lui. Or en 1924, quand il fait sa demande de naturalisation, il déclare seulement deux enfants, Jeanne née 1921 et Bert né en 1923. Que sont devenus les premiers ?

La réponse viendra du recensement de 1930 de Glendale, Maricopa, Arizona. Cette fois, Louis Ipharraguerre est devenu Lewis Ipharr (!), il est accompagné de sa femme Grace Ipharr et leurs quatre enfants, Maree (sic), 17 ans, Wendell, 14 ans, Jeanne, 8 ans, tous trois nés dans l'Idaho et Bert, 6 ans, né dans l'Arizona. Mais en face des deux aînés, la mention stepdaughter et stepson confirme que ce sont bien les beaux-enfants de Louis né du premier mariage de Grace (d'où l'intérêt de bien lire tous les renseignements !).    
 
Mais revenons à la demande de naturalisation pour laquelle Louis entreprend des démarches en avril 1924. Dans sa déclaration d'intention, on apprend que Louis, alors âgé de 39 ans, est berger, qu'il est de couleur blanche mais de carnation foncée (dark), qu'il mesure 1, 67 m (5 feet, 5 inches), pèse 68 kg (150 pounds), que ses cheveux sont bruns et ses yeux, bleus. Comme signe particulier, son auriculaire de la main droite est tordu (crooked). Le Diable se loge dans les détails !  

Il se vieillit d'un an (il est né le 9 octobre 1885 et non 1884), est natif d'Estérençuby en France. Il déclare que sa femme Grace est née à Moore, Idaho (en fait, elle est d'Antelope). Il précise qu'il est arrivé à New York le 7 mars 1904 en provenance du Havre à bord de La Loraine (sic). Enfin, Louis donne son adresse : 1829 West Adams Street à Phoenix, Arizona. A noter qu'il signe de ses nom et prénom.

En 1926, Louis remplit une autre demande et cette fois, il est domicilié à Flagstaff, toujours dans l'Arizona, au 616 North Beayer Street. C'est là qu'il donne un peu plus de détails sur sa situation de famille et ses différents emplois (récapitulés dans le billet précédent). Il est arrivé avec sa famille dans l'Arizona le 6 juillet 1923. Le benjamin, Louis Bertrand dit Bert, y naîtra le 23 octobre de la même année. A Flagstaff, sur la fameuse route 66, Louis sera employé par la société Campbell & Francis, le plus grand ranch de l'Arizona. 

La pétition pour devenir Citoyen américain requiert le témoignage de deux ressortissants de ce pays. Louis Ipharraguerre demande ce service à A.E Livingstone, fermier, et Henry C Toeys, marchand, tous résidents d'Aberdeen, Idaho. 

Les témoins doivent préciser dans quelles circonstances ils ont été amenés à fréquenter Louis Ipharraguerre. Livingstone déclare qu'il l'a connu en mai 1916 alors qu'ils élevaient ensemble des moutons dans le désert à l'ouest d'Aberdeen tandis que Toeys fait remonter leur rencontre au printemps 1917 en tant que client de son magasin. Ils se sont fréquentés jusqu'à ce que Louis quitte l'Idaho pour l'Arizona.   

Apparemment, Louis ne sera pas naturalisé avant 1927. Il coulera alors une retraite qu'on espère heureuse auprès de sa femme, de ses quatre enfants et de ses huit petits-enfants à Glendale, une coquette banlieue de Phoenix, Arizona. Il y est inhumé au Resthaven Park West Cemetery depuis juin 1966. Sa femme Grace Stoddard l'y a rejoint le 29 juin 1983.

 A suivre...

Sources : Gen&OAD64 (Etat civil et registres miltaires), FamilySearch, Geneanet, Ancestry, MyHeritage, FindAGrave
Illustrations : Cliquer dans la photo 

Billets précédents : https://bit.ly/2ZTZk46,  https://bit.ly/3eiYZgJ, https://bit.ly/3fByepg

Un grand merci à Marguerite Ambroise du blog "Mes découvertes généalogiques" qui a fait des recherches pour moi sur Ancestry et notamment sur la demande de naturalisation de Louis Ipharraguerre ô combien riche en informations !

jeudi 16 juillet 2020

Les 7 frères Ipharraguerre d'Estérençuby (III)

Farmer day in Aberdeen, Idaho, 1916
Des sept frères Ipharraguerre dont quatre auront tenté leur chance outre-atlantique, disons-le tout de suite, seul Louis parviendra à s'y ancrer. Et comme souvent, lorsque l'on fait des recherches aux Etats-Unis c'est à son sujet que j'ai glané le plus d'informations. Les Américains, peuple relativement jeune et issu pour la plupart d'autres continents, sont souvent friands de connaître leurs origines et les sources ne manquent pas.

Pour retracer la vie de Louis, je suis néanmoins partie comme pour ses frères de son acte de naissance et de son registre matricule. Avant-dernier de la fratrie, Louis naît le 9 octobre 1885 dans la maison familiale "Ampo" d'Estérençuby. Ignorance ou distraction de sa part, selon les différentes archives américaines, il serait né un an plus tard... ou plus tôt.  

Côté affaires militaires, il est de la classe 1905, est déclaré insoumis en 1907 mais se présente de lui-même en 1910 au Consulat de France à San Francisco. Néanmoins, il ne prendra pas part à la Première guerre mondiale car en décembre 1914, la Commission de réforme de Bayonne l'en dispense pour raison de "faiblesse de ligaments du genou gauche".

Mais revenons à son arrivée aux Etats-Unis. Louis pose le pied sur le sol américain le 7 mars 1904, à New York en provenance du Havre où il a embarqué sur "La Lorraine" - le plus grand transatlantique de l'époque - en 3e classe. Il semble avoir voyagé seul mais donne comme contact aux services de l'immigration le nom de son frère Bertrand à Reno, Nevada. Sa fiche matricule y précise même l'adresse, le "Commercial Hotel" à Reno.   
La future demande de naturalisation de Louis nous apprend qu'il a d'abord travaillé pour son frère Bertrand justement, pendant un an environ, puis les quatre années suivantes à Ely, Nevada, d'abord pour un certain Mr Magill puis chez un autre éleveur, un "Français" dont il ne précise pas le nom. 

Rappelons que c'est en juin 1906 que décède son frère Bertrand à Reno pour des raisons que j'ignore. Quand ses frères Pierre et Michel rentrent au pays fin 1910, on retrouve Louis à Aberdeen, dans l'état voisin de l'Idaho, mais tout de même à une distance de 460 miles (740 km) au nord-est d'Ely.

A Aberdeen, une ville qui comptait 471 habitants en 1920 (environ 2000 aujourd'hui), Louis déclare avoir travaillé d'abord chez deux éleveurs avant de se mettre à son compte vers 1919. C'est cette année-là que notre célibataire de presque 34 ans va convoler en justes noces avec une jeune veuve de 24 ans, Grace Stoddard. 

Née le 8 juillet 1895 à Antelope, Idaho, Grace a d'abord épousé le 15 novembre 1911 à Moore, Idaho, un dénommé Frank Gilbert McGee de Paris, Missouri. Le couple s'est ensuite installé à Arco, Binham County, Idaho, où ils ont eu deux enfants, Marie, née en 1912 et Wendell, né en 1916. Mais fin 1918, Frank meurt de la grippe espagnole. 

Il m'a d'abord été difficile d'identifier Grace car elle apparaissait sous son nom de veuve McGee, y compris dans son acte de mariage avec Louis, célébré le 30 août 1919 au County Court House de Blackfoot, Idaho. Une fois que j'ai trouvé son nom de jeune fille, Grace Stoddard, tout a été plus simple : j'écrivais en préambule que les Américains sont généreux en témoignages familiaux. La preuve avec cette étonnante archive dénichée sur FamilySearch "The Life and Times of the Stoddard Family : Twelve generations"  

 A suivre...
Sources : Gen&OAD64 (Etat civil et registres miltaires), FamilySearchGeneanetAncestryMyHeritage, FindAGrave
Illustrations : Cliquer dans la photo 

Billets précédents : https://bit.ly/2ZTZk46 et https://bit.ly/3eiYZgJ

samedi 11 juillet 2020

Les 7 frères Ipharraguerre d'Estérençuby (II)

Ces élèves de l'école d'Eagleville dans le Comté de Modoc du Nord-Est de la Californie qui posent devant l'objectif d'un photographe en 1902, ont-ils croisé les frères Ipharraguerre sans avoir la moindre idée d'où se trouvaient la France et encore moins la vallée reculée du Pays basque dont ils étaient issus ? Pierre et Michel ont-ils cru voir des ressemblances entre ces jeunes américains et leurs petits frères restés au pays ? Les sommets de la Sierra Nevada que l'on distingue à l'arrière-plan de ce cliché leur ont-ils rappelé le Pic familier de Béhorléguy ? Qui sait. 

- Michel Ipharraguerre est le quatrième de la fratrie mais c'est le premier à naître à Estérençuby dans la maison Ampo qui sera désormais le foyer de cette grande famille constituée uniquement de garçons. Né le 12 avril 1879, il a deux ans de moins que Pierre et cinq ans de moins que Bertrand. D'abord dispensé de service national pour cause de frère sous les drapeaux, il incorpore en mai 1900 le 9e régiment d'infanterie de Bayonne. 

Dès qu'il est dégagé de ses obligations militaires, il file en Amérique. Exactement comme Bertrand et Pierre, l'Armée note qu'il est en octobre 1903 à Reno (Nevada) puis en janvier 1907 à Eagleville (Californie). Il est fort probable que Pierre et Michel aient été présents au moment de la mort de leur aîné Bertrand. Cela les a peut-être poussés à tenter leur chance plus loin...

Mais comme Pierre avant lui, Michel rentre au pays trois ans plus tard pour se marier une semaine avant son frère, le 13 novembre 1910, avec une fille d'Estérençuby, Jeanne Suhit de la maison Arotçaenia. Et comme ses frères et tous les jeunes gens de sa génération, il est rattrapé par l'ordre de mobilisation générale du 2 août 1914.

De même que son aîné et bientôt son cadet, il se verra décerner la Croix de Guerre. Une citation résume son héroïsme : "Brave soldat (qui) a fait preuve de dévouement et d'un grand mépris du danger au cours des corvées très pénibles de ravitaillement en ligne pendant la période du 19 au 26 avril 1917".  Michel est renvoyé dans ses foyers le 7 février 1919. Il retrouve à Estérençuby sa femme et ses trois enfants, juste à temps pour fêter son quarantième anniversaire.

- Trois ans presque jour pour jour après Michel, la famille accueille un autre Pierre. Né le 2 avril 1882, l'appelait-on Pette ou Peio pour le différencier de ses frères ? Ni l'état civil ni son livret militaire ne nous renseignent là-dessus. En revanche, ce qui le distingue de ses aînés, c'est qu'il ne sera pas berger en Argentine ou en Californie puisqu'on le retrouve facteur à Paris en janvier 1909 puis à Bayonne en juin 1910.

Réserviste dans les PTT, il rejoint le front en mai 1916 en étant affecté au 2e Régiment du Génie de Montpellier. Le 15 août 1918, il reçoit un éclat d'obus à la cuisse. Comme celle de Michel, sa fiche matricule comporte une citation : "Sapeur courageux et dévoué, blessé au cours de la période difficile du 4 au 15 août 1918". Après Pierre et Michel, il reçoit la Croix de Guerre.

La Grande Guerre lui laissera des séquelles. Revenu à Bayonne début 1919, il souffre d'hydarthrose du genou et de troubles digestifs, ce qui lui donne droit à une pension de 20% en 1920 puis de 75% (!)  pour entérite chronique en 1925, année où il décède le 17 juin à Bayonne à l'âge de 43 ans. J'ignore s'il a eu le temps de fonder une famille...

A suivre...

SourcesGen&OAD64 (Etat civil et registres militaires)
Illustration : Cliquer dan la photo 

Billet précédent : https://bit.ly/2ZTZk46


mercredi 8 juillet 2020

Les 7 frères Ipharraguerre d'Estérençuby (I)

Le berceau de "mes" Biscaichipy se situe à Saint-Michel en Basse-Navarre. La branche dont descend mon arrière-arrière-grand-mère Dominica s'est établie à Saint-Jean-le-Vieux même si celle-ci est née en Argentine comme j'ai déjà eu l'occasion de le raconter ici. D'autres branches ont fait souche aux Aldudes, à Béhorléguy ou Estérençuby ce qui, pour ceux qui connaissent le coin, ne représente jamais qu'un territoire grand comme un mouchoir de poche.

Et chaque génération, quelle que soit la branche, a fourni son lot d'immigrés, ses Amerikanoak partis en nombre offrir leurs bras aux fermiers ou éleveurs d'Uruguay, d'Argentine, du Nevada ou du Wyoming. La famille Ipharraguerre d'Estérençuby n'a pas fait exception à la règle. Née d'une cadette Biscaichipy prénommée Marie et d'un aîné, Pierre Ipharraguerre, pasteur de son état, mariés en 1870, cette fratrie était composée de huit fils ! Oui, que des garçons, aucune fille, et dont un seul, le "numéro trois" ne parvint pas à l'âge adulte.

Comme souvent en cette fin du 19e siècle et début du 20e, ce sont les registres matricules (numérisés de 1878 à 1921 par les AD64) qui m'ont permis de retracer en grande partie la vie de ces sept frères aux destins très divers. Bergers comme leur père, certains se sont soustraits à leurs obligations militaires pour tenter leur chance en Argentine ou dans l'Ouest américain où ils avaient été précédés par des oncles et tantes maternels ou paternels. Certains en sont revenus, d'autres pas, suivons-les.

De l'aîné, Pierre, né le 3 août 1871 dans la maison Uhaldia de son grand-père maternel Jean, maire d'Estérençuby, je ne sais rien ou presque si ce n'est qu'il est le premier insoumis de la fratrie. Il est d'abord dispensé de service militaire en tant qu'aîné de sept enfants puis il manque la revue de novembre 1892. L'Armée note alors qu'il est domicilié à Buenos-Ayres (sic). Au recensement argentin de 1895, son oncle Pierre Biscaichipy est commerçant dans cette ville. L'a-t-il rejoint ou a-t-il continué vers l'Uruguay où un cousin germain du même âge, Bertrand Ipharraguerre, semble s'être installé ? 

Son cadet, Bertrand, né dans la même maison le 29 mars 1873, fait le même choix que son frère. Insoumis, il choisit l'Amérique. Le 20 décembre 1893, c'est un Bertrand d'à peine 20 ans, qu'on retrouve sur la liste des passagers à l'arrivée à New York du Chateau-Lafite en provenance de Bordeaux. La traversée sur ce steamer de l’éphémère Compagnie bordelaise de navigation à vapeur dure alors douze jours. 
En 1904, Bertrand donne aux autorités militaires une adresse à San Francisco, puis de là part sans doute se placer comme berger dans le Nevada où son décès est signalé le 7 juin 1906 à Reno, à l'âge de 33 ans.

Un autre Pierre, né le 24 juin 1877 dans la Borde de Chahotéguy suit les traces de Bertrand. Après avoir fait son service militaire pendant deux ans, on le retrouve en octobre 1903 à Reno (Nevada) puis en janvier 1908, à Eagleville (Modoc County, Californie). Mais deux ans plus tard, il est de retour à Estérençuby où il se marie le 20 novembre 1910 avec Gratianne Goyhenetche de treize ans sa cadette. Quand l'ordre de mobilisation intervient, il rejoint son régiment, le 142e RIT. Selon la formule consacrée, Pierre fera la Campagne contre l'Allemagne du 4 août 1914 au 23 janvier 1919 et obtiendra la Croix de Guerre avec étoile d'argent. Quand il est enfin libéré de ses obligations militaires, il est père d'un enfant.    

[A suivre...]

Illustrations : Ramiro Arrue y Valle (1900)

Etymologie : Daprès Geneanet, Ipharraguerre voudrait dire en basque : exposé (agueri) au Nord (Ipharra).
Sources : Gen&O, AD64 (Etat civil et registres miltaires). FamilySearch, Ancestry.  

jeudi 26 mars 2020

Monographie d'une commune basque : Aussurucq (III)

Comme je l'ai écrit dans le premier volet de cette tentative de monographie, on trouve des traces de peuplement très tôt à Aussurucq. Cependant, le premier décompte de population officiel n'intervient à ma connaissance qu'en 1793 et fait état de 596 habitants. La courbe de population atteindra un pic en 1846 avec 740 âmes, notamment grâce à la présence d'une brigade de douaniers que j'ai évoquée dans une série de billets sur le sujet. 

Dans la deuxième moitié du 19e siècle, la population va peu fluctuer, autour de 650 habitants, pour s'appauvrir à nouveau après 1886, où l'on commence à mesurer l'effet du départ des "cadets" vers "les Amériques." De 1887 à 1889, le Fonds Vigné fait état du départ d'une dizaine de jeunes gens du village. J'ai raconté sur ce blog l'histoire de la "petite" Marie Serbielle dans "Une mère et ses filles en Argentine" que j'invite à (re) lire tant cette épopée paraît incroyable de nos jours !

Ce phénomène de départ pour l'Argentine, l'Uruguay et le Chili va se poursuivre avant et après la première guerre mondiale. J'ai pu retrouver grâce aux registres des "marchands de palombes" puis à FamilySearch de nombreux cousins qui ont quitté le Pays basque pour l'Amérique du Sud. En octobre 2018, j'ai fait partie du "comité d'accueil" d'Alberto Jaury revenu sur les traces de son arrière-grand-père parti d'Aussurucq. Mes posts sur ce thème sont regroupés sous le libellé "émigration basque".

A présent, entrons un peu plus dans la sociologie de cette petite commune souletine. Les recensements de population ne sont pas en ligne sur le site des AD 64 mais je les avais relevés lors de mon passage en salle de lecture au PAB* de Bayonne en octobre 2018. Ils sont réunis dans une grande liasse qui va de 1831 à 1954 mais quelques feuillets manquent.

J'ai choisi d'étudier le recensement de 1876 car c'est un des plus complets et il offre un panorama détaillé de la commune à ce moment-là. Elle se compose alors de 640 personnes répartis sur quatre quartiers : le Bourg  (83 maisons, 363 habitants), Barricata (16 maisons, 102 habitants), Garraïbie (19 maisons, 18 ménages et 129 habitants) et Utchia (8 maisons et 46 habitants).

La répartition par sexe est de 327 sujets féminins (208 filles, 94 femmes mariées et 25 veuves) pour 313 sujets masculins (201 garçons, 94 hommes mariés et 18 veufs). Le village est jeune : 150 garçons et 141 filles ont moins de 21 ans. Deux hommes et deux femmes ont plus de 80 ans, mais aucun nonagénaire ni centenaire n'y vit.

Sans surprise, le village se compose majoritairement d'agriculteurs et de métayers (au nombre de 6). A Aussurucq en 1876, 616 personnes vivent de l'agriculture ! Les autres sont artisans (cordonnier, sandalière, charpentier...) et l'un est employé des chemins de fer (sans doute à Mauléon-Licharre). 

On notera la présence d'une rentière, Elisabeth de Ruthie, célibataire, propriétaire du château du même nom qui mourra à 82 ans le 26 juin de l'année suivante. Dominique Irigoyen, mon trisaïeul, est l'instituteur des garçons, Adélaïde Lassalle, celle des filles. Côté culte, un curé officie à l'église du village.  

Dans la famille de mes arrière-arrière-grands-parents, sur les quatorze enfants de la fratrie, huit sont présents au foyer de la maison Etcheberria au moment du recensement dont mon arrière-grand-mère, Elisabeth. Née le 12 avril 1858, elle est alors âgée de 18 ans. Trois enfants sont décédés en 1866, 1873 et 1874,  et les deux derniers, Grégoire 9 ans et Michel, 7 ans, sont ceux qui émigrerontt au Chili. Marie-Jeanne Dargain-Laxalt, mon aïeule, sera enceinte l'année suivante d'un dernier enfant, Jean-Pierre, né en octobre 1877.

A suivre...

 * Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque 

Illustrations :
Photo 1 : Ramiro Arrue y Valle (1892-1971) "Baserritarak", 1925
Photo 2 : Diagramme d'évolution de la population d'Aussurucq (Ldh/EHESS, Cassini)
Photo 3 : Extrait du dénombrement de 1876 - Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque (salle de lecture).
Sources : Dans le corps du texte. 
Et sur les conseils de Stanislas, voici les liens avec les épisodes précédents : http://bit.ly/2UlkR3b et http://bit.ly/3dnyzey

jeudi 12 décembre 2019

Mémoires d'Adrien

L'histoire suivante est une fois de plus à la croisée des chemins entre le sort des cadets, l'importance du nom de la maison et l'émigration massive des jeunes Basques au 19e siècle. L'un de mes précédents billets évoquait le destin d'André Eppherre, l'un des frères de mon arrière-grand-père Dominique Eppherre (1851-1928). Installé à Morón en Argentine, "Andrès" avait eu douze enfants avec sa femme Gabriela.

Leur cinquième enfant, une fille prénommée Maria, avait été portée sur sur les fonts baptismaux lors de son baptême en 1872 à Morón par un certain Adrian Eppherre que j'identifiais comme un frère cadet d'André mais dont je ne parvenais pas à retrouver la trace sur FamilySearch. Et voilà que récemment, je suis contactée sur Geneanet par une lectrice de mon blog qui s'avère être ... l'arrière-petite-fille d'Adrian !

Mariana va m'apporter l'explication que j'attendais, la raison pour laquelle je ne parvenais pas à retrouver Adrien devenu Adrian c'est tout simplement parce que ce dernier avait choisi de faire souche en Argentine sous le nom de Harismendy et non Eppherre ! Harismendy comme le nom de la maison qui l'avait vu naître le 28 mars 1848 à Sunharette.

A-t-il voulu couper les ponts avec son grand-frère Andrès ? Créer sa propre "dynastie" sous un autre nom ? Adrian Eppherre se marie le 9 août 1873 avec Marie-Anne Uthurry, elle-même Souletine et native de Sorholus, en la cathédrale Inmaculada Concepción de Moron, "fief" de son frère qui logiquement est son témoin. Puis, Adrian devenu Harismendy et Mariana partent s'installer à  300 kilomètres de là, à Tapalqué, où leur premier enfant Clementina naît quatre ans plus tard. Elle sera suivie de quatre frères et sœurs.

Au recensement national de 1895, Adrian Harismendy, 46 ans, est commerçant, domicilié en ville (Cuartel 1, poblacion urbana) de Tapalqué. La famille se compose de sa femme Mariana Ythurry (!) 42 ans et de leurs quatre enfants Clementina, 17 ans, Bernardo, 14 ans, Amelia, 12 ans et Luisa, 4 ans. Un petit Adrian fermera la marche un an plus tard en 1896.

Ma correspondante argentine et pas si lointaine cousine (nos arrière-grand-pères étaient frères), Mariana Larcamón, est la petite-fille d'Amelia Harismendy, tout comme l'était la jeune "disparue" des années noires de l'Argentine dont j'ai fait récemment le portrait. Grâce à elle, je reconstitue cette branche argentine totalement ignorée jusque là parce qu'un cadet Basque avait préféré le nom de sa maison à son patronyme originel ! 

Je dédie ce billet à Mariana Larcamón dont c'est l'anniversaire aujourd'hui ! Feliz cumpleaňos, Urte buru on, prima !     

Illustration : Ramiro Arrue y Valle
Sources : AD64, Gen&0, FamilySearch, Geneanet et mémoire familiale.

samedi 7 septembre 2019

100 mots pour une vie : Jean-Pierre Irigoyen (1877- ?)


Le quatorzième et dernier enfant de la fratrie Irigoyen, Jean-Pierre, naît le 22 octobre 1877 alors que ses parents sont déjà âgés de 48 et 44 ans et que ses aînés ont plus de 20 ans. Lors du recensement de 1901 à Aussurucq, c’est un jeune homme célibataire qui vit chez sa sœur Elisabeth et son mari Dominique. Sa trace se perd ensuite mais, d'après la mémoire familiale, il serait parti comme berger en Argentine ou peut-être en Uruguay. Si c’est bien lui, il aurait embarqué à bord du « Ceylan » à Bordeaux le 17 octobre 1930. Depuis, rien.

Sources : AD64, Cemla
Illustration : Simeon Oiz Mendiko Artzaina (1937)

dimanche 10 mars 2019

De Geüs à Chascomùs ... et plus

En octobre dernier, j'ai fait partie du "comité d'accueil" d'Alberto, un Argentin de retour au pays sur les traces de ses ancêtres. Alors que nous faisions les présentations, il me fit remarquer qu'il connaissait des Eppherre chez lui, à Tres Arroyos. La ville ne fut fondée qu'en avril 1884 aussi me fallut-il quelques temps avant de comprendre quelle branche s'y était établie.

Il existe sur Geneanet une fonctionnalité très pratique qui permet de savoir où les porteurs de son nom de famille sont installés. J'avais repéré des Epherre à Chascomùs une ville plus ancienne et plus proche de Buenos-Ayres, je décidai de commencer par là. Assez vite, je trouvai l'acte de mariage d'un Jean Eppherre et d'une Caroline Chamoux le 28 février 1857 dans les registres paroissiaux de Nuestra Señora de la Merced de Chascomùs.

Ce Jean-là venait d'une branche cadette des Eppherre de Barcus installée à Geüs d'Oloron que j'appelle les "Béarnais" alors qu'ils doivent se sentir aussi Basques que leurs cousins Souletins voisins. Mais passons, cette branche allait m'occuper pendant un bon bout de temps et je ne m'en doutais pas ...

Première surprise, alors que jusque-là j'avais noté une certaine tendance à l'endogamie chez les candidats à l'émigration, voilà que notre petit basco-béarnais se marie à vingt-cinq ans avec une jeune fille de vingt ans originaire ... de Haute-Savoie. Encore merci à Geneanet car c'est ainsi que j'ai pu connaître la date et le lieu de naissance de Caroline Chamoux à Metz-Tessy (74). L'arbre en ligne notait qu'elle avait émigré en Argentine avec un frère et une sœur sans plus de précisions.

Sauf erreur ou plutôt omission, Juan et Carolina Epherra comme ils se feront désormais appeler, ont eu treize enfants, cinq fils et huit filles entre 1859 et 1885, tous baptisés à Chascomùs sauf les deux derniers, l'une à Ayacucho et l'autre à Juarez. Dans les années 1890, on retrouve d'ailleurs la famille à Coronel Dorrego, une autre "ville nouvelle" de l'état de Buenos-Ayres. 

Chose rare dans une fratrie aussi nombreuse, dix d'entre eux vont parvenir à l'âge adulte et se marier.  A Chascomùs, ils vont fréquenter les Amestoy dont le père Guillermo (Guillaume) est originaire de Iholdy. S'en suivront quatre mariages entre les deux familles. Juan Epherra né en 1862 épousera Maria Vicenta Amestoy tandis que ses sœurs Eusebia, Carolina et Claudina lieront leur destin à trois frères Amestoy,  Graciano, Juan Pedro et Guillermo.    

Et tous ces mariages à partir de 1891 seront célébrés ... à Tres Arroyos ! Dans l'état actuel de mes recherches, toujours en cours, je recense une cinquantaine de petits-enfants tous ou presque baptisés en l'église Nuestra Señora del Carmen de Tres Arroyos dont la moitié sont des Epherra. Les derniers recensés étant des années 1915/1920, ce sont à n'en pas douter les aïeux des connaissances d'Alberto !

Nouvelle que je vais m'empresser de lui rapporter...

Sources : AD64, Gen&O, FamilysSearch, Geneanet. 
Illustrations : La gare de Chascomùs en 1875 (Wikipedia

jeudi 23 août 2018

Comment faire taire les idées reçues sur un loisir jugé poussiéreux

Suite à mon précédent "billet voyageur" intitulé Saint-Jean-le-Vieux-Buenos Ayres-Saint-Jean-le-Vieux, un généalogiste amateur comme moi, m'a contactée via un réseau social. Il avait retrouvé sur FamilySearch ce qui lui semblait être l'acte de mariage à Buenos Aires de Jean Biscaïchipy et Marianne Sallaberry. Il concluait malicieusement son message ainsi : "Non, vos aïeux ne vivaient pas dans le péché". 

J'avoue que l'idée ne m'avait même pas traversé l'esprit ! Je savais que mes AAAGP s'étaient probablement connus là-bas, avaient eu ensemble une fille, Dominica, mon arrière-arrière-grand-mère et qu'à leur retour au pays, ils avaient régularisé leur situation en se mariant et en déclarant la naissance de leurs deux enfants (le second, Laurent, né en France). Pourtant, connaissant la piété des Basques en général, et en particulier celle de mes grands-tantes que j'ai bien connues, j'aurais dû y penser. Merci donc, à ce généreux contributeur !

Pour les non adeptes de la généalogie, ce "passe-temps" ou passion c'est selon, s'exerce seul dans son coin, en tête à tête avec son ordinateur (de nombreuses sources étant en ligne  aujourd'hui) ou bien dans une salle silencieuse d'archives poussiéreuses (encore une idée reçue : cf. photo !). Or il n'en est rien. Le réseautage et l'entraide règnent sur le petit monde de la généalogie où certains sont souvent prêts à vous communiquer leurs "tuyaux" voire à faire des recherches à votre place sans que vous n'ayez rien demandé !
Le Pôle d'archives de Bayonne et du Pays basque (PAB)
Par ailleurs, on rencontre des généalogistes de tous les âges, de toutes les régions de France métropolitaine et ultramarine et même de l'étranger, des professionnels comme des amateurs (très) pointus, et des plus "dilettantes" (comme moi). Ceux qui choisissent de partager leurs recherches sous la forme d'un "généablog", aiment aussi participer à des "challenges", à des défis collaboratifs comme #1J1P, à des ateliers d'écriture virtuels tels que le #RDVAncestral ou à des thématiques à l'instar des Généathèmes proposés par Sophie Boudarel.

Bref, la généalogie est loin d'être un loisir solitaire et étriqué. Mais surtout, on s'amuse bien ! Certains fils Twitter, notamment, n'engendrent pas la mélancolie ! Par ailleurs, c'est encore un des rares espaces sur la toile ou la bienveillance est de rigueur, il faut dire qu'il est rare qu'on parle politique avec les morts !   

Bon, après vous avoir fait partager ces quelques élucubrations, excusez-moi, je dois repartir à Buenos Ayres sur la trace de mes ancêtres basques qui ont encore beaucoup de choses à me raconter. ¡Hasta luego!

mardi 12 juin 2018

Saint-Jean-le-Vieux - Buenos Ayres - Saint-Jean-le-Vieux

Lorsque ma grand-mère paternelle Marie-Anne Etchemendy (1912-1977) est décédée à Bordeaux, son fils aîné, mon père, a fait passer un avis dans le journal Sud-Ouest, s'attirant les foudres d'une de ses tantes qui lui reprochait de ne pas associer à ce faire-part la branche Biscaïtchipy. Je me souviens de la réaction de mon père qui ne céda pas et de celle de ma grand-tante qui répara l'erreur en republiant un avis comme elle le voulait, le lendemain ! 

Longtemps après, quand je me suis intéressée à cette branche, mon père m'a dit en substance : "Ah, je ne pensais pas que ces Biscaïtchipy nous étaient finalement si proches." Eh oui, la mère de sa grand-mère qu'il avait bien connue, Gratianne Urritzaga, s'appelait Dominica Biscaïtchipy. Elle portait un drôle de nom qui nous avait amusé mon frère et moi lors de l'"incident diplomatique" évoqué plus haut. 

Comme toujours avec le basque, au fil des siècles et de l'imagination des curés ou des employés d'état civil, on retrouve le nom sous la forme Biscaïttipy, Biscaïchipy ou Biscaïtchipy ce qui étymologiquement pourrait signifier "petit côteau" de "ttipi" (petit) et "bizcar" (côteau, crête, col). Si je me fie à Geneanet, seule notre branche établie à Saint-Jean-le-Vieux à partir du début du 19e siècle, a hérité d'un "t" en plus, tout comme nos Urri"t"zaga.

Cette longue introduction pour évoquer mon "sosa 46", tiré à la "roulette des ancêtres" (*), Jean Biscaïtchipy dit Gachte c'est-à-dire "blanc bec", surnom qui lui venait peut-être de son rang de petit dernier de sa fratrie. Jean naît le 10 septembre 1828 dans la maison familiale Larrondoa du quartier Çabalce de Saint-Jean-le-Vieux (Basses-Pyrénées), village mitoyen de Saint-Jean-Pied-de-Port en Basse-Navarre.

Benjamin d'une fratrie de six enfants issue de Jean Biscaïtchipy (1781-1857), originaire de Saint-Michel et de Gratianne Coillet (ca 1794-1862) mariés en 1813 à Saint-Jean-le-Vieux, il est précédé par quatre sœurs et un frère. A une époque indéterminée jusqu'à ce jour mais que je situerais au début des années 1850, peut-être pour échapper à la conscription, il prend son billet pour l'Argentine. Plus probablement, il débarque à La Plata et de là, s'établit à Buenos Aires.

Est-ce là qu'il rencontre sa future épouse, Marianne Saroïberry dite Sallaberry, née aux Aldudes en 1832 ? C'est ce que laisse penser leur acte de mariage qui n'interviendra que le 19 février 1871 à Saint-Jean-le-Vieux alors qu'il a déjà quarante-deux ans et sa femme, trente-huit. De l'intérêt de lire attentivement un tel document, on y découvre au verso la reconnaissance de deux enfants, une fille, Dominica née le 19 octobre 1861 à Buenos Ayres (sic) et un fils, Laurent, né le 7 novembre 1870... à Saint-Jean-le-Vieux.

A défaut de savoir pourquoi mon aïeul est parti en "Amérique" et combien de temps il y est resté, j'ai une petite idée de la raison qui l'a fait rentrer. En consultant les actes de décès de la commune, je me suis aperçue qu'alors que ses parents Jean et Gratianne étaient décédés respectivement en 1857 et 1862, en 1866, un événement va bouleverser la vie des habitants de la maison Larrondoa.

Charles Biscaïtchipy, le "maître" depuis la mort de ses parents, et sa sœur Jeanne, tous deux célibataires, disparaissent à deux semaines d'écart. Ils n'ont pas cinquante ans et la cause de leur décès n'est pas indiquée. La seule sœur survivante (une autre est décédée en 1855) a-t-elle alors prié son frère cadet de revenir pour reprendre la ferme familiale ? On ne peut que le supposer.

Dans le contrat de mariage de mes arrière-arrière-grands-parents, Martin Urritzaga et Dominica Biscaïtchipy, le 23 novembre 1882, il est clairement indiqué que les parents de cette dernière sont propriétaires de la maison Larrondoa dans le quartier Çabalce. Ce sont des cultivateurs que l'on peut qualifier d'aisés puisqu'en échange d'un quart de leur domaine et dépendances, leur futur gendre apporte une dot de deux-mille-quatre-cent-francs. 

Jean Biscaïtchipy dit Gachte s'éteindra dans sa maison le 18 mai 1907, huit ans après sa femme Marianne, entouré de sa fille, de son gendre et de ses sept petits-enfants dont mon arrière-grand-mère Gratianne était l'aînée. Aura-t-il eu le temps de voir partir ses petits-enfants Urritzaga à La Plata poursuivant ainsi son rêve américain interrompu ? Il me plaît de le penser...

(*) Dans le cadre du Généathème du mois de juin, Sophie Boudarel, généalogiste professionnelle, propose de tirer au sort un numéro sosa de sa généalogie grâce à son générateur de nombre aléatoire, et de raconter l'histoire de l'ancêtre correspondant. Son "making-of" m'a bien aidé aussi à compléter mes informations.

Illustration : Carte postale ancienne de Saint-Jean-le-Vieux (Delcampe.net)
Sources AD64 (Etat civil et Minutes notariale)Gen&OFamilySearchGeneanet. 
Sur l'Emigration basque en Argentine, lire "Diaspora basque, la huitième province"

mardi 15 mai 2018

Quatorze enfants, quatorze destins

En cette Journée Internationale de la Famille*, j'ai choisi dans ma généalogie celle qui me semblait le mieux incarner cette mosaïque de caractères et de destins qui constitue une famille. Sociologiquement parlant, le fait qu'elle ait été issue d'une province "reculée" du Pays basque dans un 19e siècle encore largement rural, et soumise à des traditions très ancrées (primogéniture, rôle de la maison, sort des cadets...), la rendait encore plus intéressante. 

Pour cette fois, je ne m'attacherai ni au père, Dominique Irigoyen (1829-1898), instituteur, dont j'ai souvent parlé ici, ni à la mère, Marie-Jeanne Dargain-Laxalt (1833-1907), propriétaire, elle aussi déjà plusieurs fois mise à l'honneur, mais à la fratrie issue de ce couple. Mariés le 27 novembre 1851 à Aussurucq (Basses Pyrénées), ils auront quatorze enfants entre 1853 et 1877 dont dix parviendront à l'âge adulte. 

L'aînée, Marie dite "Maddie", aurait pu être l'héritière. Née le 17 février 1853 dans la maison Laxalt (ou Laxaltia), elle va pourtant choisir une autre voie ou plutôt répondre à une voix, celle du Seigneur. Entrée dans la Congrégation des Filles de la Croix à Bidache en novembre 1869, elle prend le nom en religion de Sœur Marie Nicéphore. Elle a à peine prononcé ses vœux, le 25 septembre 1871, qu'elle meurt brusquement le 23 novembre suivant, à seulement dix-huit ans.  

Curieusement, Marguerite dite Mallaïta, la suivante, née le 31 août 1854, ne se mariera pas dans son village natal mais à Saint-Just-Ibarre (Donisti Ibarre), petit village de Basse-Navarre. Couturière, elle épouse un "manech", Bernard Arruyé (ou Arruyer), brigadier-cantonnier de son état, le 12 juillet 1885. Ils n'auront pas d'enfants, et Mallaïta s'éteindra le 26 mars 1938 dans sa maison Antondeguia à l'âge de 83 ans. 

Le premier garçon de la fratrie, né le 9 septembre 1855 se prénomme Pierre. Je ne sais pas grand-chose à son sujet si ce n'est qu'il est gendarme à Lasseube, un gros bourg béarnais de 2200 habitants.  A-t-il été blessé, est-il tombé malade ? Toujours est-il qu'il meurt à trente ans, le 5 octobre 1885, dans la maison familiale "Etcheberria". Son nom figure sur le caveau de famille à Aussurucq.

Joseph, né le 16 mars 1857 à Laxaltia comme ses aînés, ne s'éloignera pas beaucoup de la famille. Le 13 novembre 1883, il épouse à Aussurucq une fille du village, Marie Carricart-Garat mais c'est dans le village voisin de Suhare qu'ils vont s'installer comme cultivateurs. Marie lui donnera huit enfants, autant de filles que de garçons et aura la douleur de perdre un fils à la guerre, tombé à Craonnelle en septembre 1915. Joseph lui, s'était éteint en 1902 dans sa maison Urruty de Suhare.

Cinquième de la fratrie, mon arrière-grand-mère Elisabeth naît le 12 avril 1858. Avec son mari Dominique Eppherre (1851-1928), originaire de Sunharette dans la Soule, ils vont avoir onze enfants dont mon grand-père Pierre, né en 1901, sera le petit dernier. Eux aussi vont perdre un fils en 14-18, Michel, mort à Verdun en 1916. Elisabeth et Dominique vont hériter de l'etxea (maison, dépendances et terres) d'Etcheberria.

Cadette d'Elisabeth de dix-huit mois, Engrâce est la seule qui va suivre les traces de son père et devenir institutrice. Sa vie m'a semblée tellement romanesque que je lui ai consacré plusieurs billets, ainsi qu'à ses deux fils, Jean-Baptiste et Dominique, victimes eux aussi de la folie meurtrière de la Grande Guerre. Comme sa sœur aînée Marguerite, Engrâce avait épousé en 1887 un gars de Saint-Just-Ibarre, Martin Brisé. Malade du coeur, elle décède le 17 avril 1916, à 56 ans.

Marianne dite Mañaña est celle dont j'ai eu le plus de mal à retrouver la trace. Née le 21 avril 1861, elle épousera un cultivateur de Musculdy, Félix Etchebest, de la maison Egnaut avec lequel elle aura trois filles. Elle repose depuis 1952 dans le cimetière de Musculdy où j'ai retrouvé récemment le caveau de la famille Etchebest "Enautenia".

Né le 22 mai 1863 dans la maison Laxalt, un deuxième Pierre y décède le 3 septembre 1873. Ces deux dates encadrent la trop courte vie de ce petit garçon mort à dix ans pour des raisons inconnues. Deux ans plus tard presque jour pour jour, naîtra un petit Martin qui ne vivra que six jours. Entre les deux, Jeanne née le 26 août 1864 aura elle, une longue vie.

La "Tante Jeanna" sera en effet d'abord gouvernante du curé-doyen de Tardets avant de s'installer dans la maison-épicerie-café dite "Zubukota" de sa nièce Julienne Eppherre (1891-1953), fille d'Elisabeth et de Dominique Eppherre. Elle rendra son dernier souffle le 22 juillet 1951 à presque 87 ans, entourée de ses nombreux neveux et nièces.

Les deux suivants, respectivement "numéros" 11 et 12 de la fratrie, Grégoire et Michel, font partie de ces très nombreux cadets partis tenter leur chance en Amérique, ce qui dans leur cas, leur a plutôt réussi. J'ai évoqué l'histoire de "Gregorio et Miguel Irigoyen-Dargain" dans deux précédents billets intitulés "Deux frères partis faire fortune au Chili".

L'avant-dernier, Jean, naît le 23 septembre 1871 à Laxaltia et décède moins de trois ans après, le 25 août 1874, à Etcheberria (la "maison neuve"). C'est donc dans ce laps de temps que mon aïeul Dominique Irigoyen fit l'acquisition-restauration de son etxondoa**. Peut-être est-ce ce pauvre petit qui, si l'on en croit la tradition orale, fit une chute dans l'escalier de la nouvelle maison et perdit ainsi la vie ?

Du quatorzième et dernier enfant, Jean-Pierre, né le 22 octobre 1877 alors que ses parents sont déjà âgés respectivement de 48 et 44 ans et que ses aînés ont plus de vingt ans, on ne sait rien ou presque.  Lors du recensement de 1901, jeune homme, il vit encore au foyer de sa sœur Elisabeth et son mari Dominique. Sa trace se perd ensuite mais d'après la mémoire familiale, il aurait émigré en Argentine. Paradoxalement, celui qui nous est le plus contemporain est celui pour lequel nous disposons du moins d'informations. Peut-être un jour... ?
*Depuis 1993, les Nations unies ont choisi le 15 mai pour marquer la Journée Internationale des Familles. L'occasion de mieux connaître les questions relatives à la famille ainsi que les processus sociaux, économiques et démographiques qui affectent les famillesSophie Boudarel, généalogiste professionnelle, propose comme Généathème du mois de mai de nous pencher sur une famille de notre généalogie : En connaît-on tous les membres ? Quels ont été leurs parcours ? Sont-ils tous restés au même endroit ? Ont-ils eu la même destinée ?  
**Etxondoa : maison-souche
Illustration : Mauricio Flores Kaperotxipi (1901-1997)
Sources : AD 64 (état civil, actes notariés, fiches matricules, registres d'instituteurs), Gen&OFamilySearch et mémoire familiale (merci à mon père, mes "tantes" Marie, Thérèse et Georgette, mes cousines Annie et Julienne ainsi que María Isabel et Miguel Hernan au Chili). 
Remerciements à Sœur Clotilde Arrambide de la Congrégation des Filles de la Croix à La Puye (86) pour ses précieuses informations sur Sœur Marie Nicéphore.

vendredi 4 mai 2018

Qui paie ses dettes s'enrichit

Le 23 avril 1861, c'est une jeune femme d'à peine vingt-deux ans qui se présente à l'étude de Maître Jean-Dominique Dalgalarrondo, notaire à Mauléon. Elle a rendez-vous avec Augustin Necol, propriétaire à Trois-Villes. Celui-ci est certainement un agent d'émigration, un de ces "marchands de palombes" déjà évoqué.

Marie Argain s'apprête à lui signer une reconnaissance de dette d'un montant de trois cents francs pour prix du passage de sa petite sœur mineure Marianne dans l'entrepont du "Cornélie" [photo] qui doit très prochainement mettre à la voile (sic) pour Buenos Ayres au port de Bayonne. Ce corvette-aviso de dix-huit canons relie à l'époque la France à l'Argentine en trois mois.

La future passagère est âgée d'à peine dix-sept ans. Elle est la fille cadette de Pierre Argain, d'abord domestique, journalier puis cultivateur à Aussurucq, et de Catherine Oyhamburu dite Harchoury. Tous deux décédés au moment de la transaction, c'est à Marie qu'il incombe d'hypothéquer "les biens immeubles en nature, bâtiments, cours, jardins, terres cultivées, vignes (!), bois et fougeraies", situés sur la commune d'Aussurucq afin de garantir la dette.

Avant de s'embarquer sur le Cornélie pour un voyage sans retour, Marianne Argain a été placée comme servante chez la petite cousine de son père, Marie-Jeanne Dargain, mon arrière-arrière-grand-mère. Mentionnée dans le recensement de 1856 d'Aussurucq, la jeune orpheline alors âgée de treize ans s'est retrouvée bien malgré elle héroïne de mon précédent billet.

Lorsqu'elle se rend chez Maître Dalgalarrondo, Marie Argain s'engage à rembourser au Sieur Necol la somme empruntée de trois cent francs sans intérêt dans un délai d'un an puis, passé ce terme, avec un intérêt "légal" dont le montant n'est pas précisé. L'acte est signé par Augustin Necol, le notaire et deux témoins mais pas par Marie qui ne sait pas écrire.

Le 27 mai 1862, soit treze mois plus tard, Augustin Necol retourne voir Maître Dalgalarrondo car il a reçu entre temps la somme due de la part de Marianne Argain depuis Buenos Ayres. Il donne donc quittance aux deux sœurs de leur dette et "consent la main levée et la radiation entière et définitive" de l'hypothèque.

Comme toujours, lorsque l'on se trouve en présence d'une telle histoire, on aimerait savoir ce qu'en sont devenus les protagonistes... De Marie, je n'ai trouvé ni acte de mariage ni descendance ni acte de décès. A vrai dire, j'avais déjà eu des difficultés à retrouver son acte de naissance car elle avait d'abord été déclarée par son grand-père maternel comme née de père inconnu avant d'être reconnue par ses parents dans leur acte de mariage. Peut-être a-t-elle finalement rejoint sa soeur en Argentine ?

Les archives argentines de FamilySearch ne m'ont jusque-là apporté aucune certitude concernant Marianne, son nom apparaît sous trop d'orthographes différentes possibles (Argain, Dargain, Dargañe voire Darganis) pour que j'apprenne ce qu'il est advenu d'elle. Quant à Augustin Necol, j'ai retrouvé plusieurs autres actes similaires signés par lui dans les minutes notariales de Maître Dalgalarrondo.

Selon l'association Euskal Argentina, de très nombreux jeunes gens embarquèrent dans ces années-là à destination de Buenos Aires ou Montevideo. Au total, 200 000 basques firent le voyage entre 1857 et 1864 ! Notons qu'en 1862 la transaction avait subi une relative inflation, elle s'élevait alors à 320 francs...

Nota : Ce billet aura peut-être un air de "déjà vu" pour certains lecteurs de ce blog mais de nouvelles découvertes grâce aux recensements collectés récemment au Pôle d'Archives de Bayonne et du Pays basque m'ont conduit à le mettre à jour. 

Illustration : Delcampe.net 
Sources : AD 64 (état civil et actes notariés), Gen&O, FamilySearch, euskal-argentina.com et emigration-pyrenees.fr

lundi 9 avril 2018

Retour à Morón

L'avantage de faire régulièrement des recherches en généalogie, c'est que l'on sait mieux où chercher, avec plus de méthode et de plus en plus vite. Ainsi des registres de FamilySearch en Argentine, qui sont une mine quand on a des ancêtres qui y ont émigré massivement au 19e siècle. Forte de la récente plongée dans ces registres qui m'a permis de reconstituer l'histoire de la "petite Marie" et de ses soeurs, j'ai décidé de reprendre celle d'André Eppherre où je l'avais laissée.

Je suis repartie du Census de 1895 de Capitán Sarmiento et, avec l'âge des enfants, j'ai pu reconstituer toute la fratrie grâce à leurs actes de baptême et mettre enfin la main sur l'acte de mariage d'André "Andrès" et de Gabrielle "Gabriela" Arcurux. Ils se sont bien unis à Morón le 22 juin 1868, soit un an après leur traversée.

Un petit mystère demeure cependant, dans le recensement, le couple dit avoir eu treize enfants, je ne leur en ai trouvé que douze, tous nés à Morón entre 1868 et 1885 dont quatre décédés prématurément et inhumés à Morón. Quant aux "jumelles", elle n'en étaient pas : Graciana, l'aînée, est née le 12 décembre 1868 et Juana Maria dite Mariana, sa cadette, le 15 janvier 1870.

Tous les enfants sans exception ont été baptisés en la Catedral Basílica Inmaculada Concepción del Buen Viaje de Morón, édifiée sur les ruines d'une vieille église et consacrée en juillet 1868, ce qui laisse penser que le mariage d'André et Gabrielle et le baptême de leur première fille furent célébrés dans une cathédrale flambant neuve ! 
   
Une autre leçon que nous apprend la généalogie c'est de combattre les idées toutes faites et les déductions hâtives. Bien sûr les conjectures sont toujours possibles (conjecturons, donc ! comme l'exprimait récemment un généablogueur qui se reconnaîtra...) mais il faut tout de même s'en méfier.

Ainsi, avais-je conclu hâtivement dans le premier billet consacré à André que c'est en tant que cadet qu'il avait été obligé de s'exiler. Or, quelle ne fut pas ma surprise de m'apercevoir que son demi-frère Jean-Baptiste Etchegoren, l'aîné de la fratrie, était lui aussi parti en Argentine et mieux, qu'il avait été témoin de son mariage !

Devenu Bautista tantôt Etchegoren tantôt Etchegoien (!), âgé de vingt-neuf ans au moment du mariage de son demi-frère (il était né le 18 mai 1839 à Sunharette d'Anne Inchauspé et de son premier mari Pierre décédé en 1838), il sera aussi le parrain de Graciana, le premier enfant du couple.

Jean-Baptiste "Bautista" va à son tour se marier à Morón le 17 mars 1871 avec une Maria Etchandi de quatorze ans sa cadette qui lui donnera trois filles nées entre 1872 et 1876 toutes prénommées Maria (!). Adrien Eppherre, son demi-frère et frère cadet d'André, s'est lui aussi installé à Morón où il a épousé le 21 août 1873, une demoiselle Mariana Uturry. Mais je perds ensuite complètement la trace de ces deux frères...

André quant à lui, a dû quitter Morón pour Capitán Sarmiento avec sa femme et leurs sept enfants entre 1892 et 1895. En effet, leur fille cadette Mariana avait épousé à Morón le 20 septembre 1890 José Iriarte, un basque espagnol de Pampelune dont elle aura deux garçons et une fille entre 1891 et 1893, les deux aînés nés à Morón.

La petite famille apparaît dans le même recensement de Capitán Sarmiento que celle d'André. Ce dernier, de petit exploitant ("chacarero") est devenu éléveur ("ganadero") à l'instar de son gendre, José. Je n'ai pour l'instant pas épluché les archives de Capitán Sarmiento, plus limitées que celles de Morón, afin de savoir ce qu'il était advenu d'André et des siens.

En revanche, mon intuition me dit que le Pedro Eppherre évoqué dans un autre billet n'est pas un fils d'André comme je l'avais supposé (conjecturons, donc !) mais plutôt celui d'une veuve de Buenos Aires originaire de Barcus. Mais ceci est une autre histoire...

Illustration : El gallo y la Catedral de Morón, Taringa.net
Sources :   AD64Gen&OFamilySearchGeneanet, sur la Cathédrale de Morón (Instituto de Patrímonio Artístico y Arquitectónico)