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dimanche 10 mars 2019

De Geüs à Chascomùs ... et plus

En octobre dernier, j'ai fait partie du "comité d'accueil" d'Alberto, un Argentin de retour au pays sur les traces de ses ancêtres. Alors que nous faisions les présentations, il me fit remarquer qu'il connaissait des Eppherre chez lui, à Tres Arroyos. La ville ne fut fondée qu'en avril 1884 aussi me fallut-il quelques temps avant de comprendre quelle branche s'y était établie.

Il existe sur Geneanet une fonctionnalité très pratique qui permet de savoir où les porteurs de son nom de famille sont installés. J'avais repéré des Epherre à Chascomùs une ville plus ancienne et plus proche de Buenos-Ayres, je décidai de commencer par là. Assez vite, je trouvai l'acte de mariage d'un Jean Eppherre et d'une Caroline Chamoux le 28 février 1857 dans les registres paroissiaux de Nuestra Señora de la Merced de Chascomùs.

Ce Jean-là venait d'une branche cadette des Eppherre de Barcus installée à Geüs d'Oloron que j'appelle les "Béarnais" alors qu'ils doivent se sentir aussi Basques que leurs cousins Souletins voisins. Mais passons, cette branche allait m'occuper pendant un bon bout de temps et je ne m'en doutais pas ...

Première surprise, alors que jusque-là j'avais noté une certaine tendance à l'endogamie chez les candidats à l'émigration, voilà que notre petit basco-béarnais se marie à vingt-cinq ans avec une jeune fille de vingt ans originaire ... de Haute-Savoie. Encore merci à Geneanet car c'est ainsi que j'ai pu connaître la date et le lieu de naissance de Caroline Chamoux à Metz-Tessy (74). L'arbre en ligne notait qu'elle avait émigré en Argentine avec un frère et une sœur sans plus de précisions.

Sauf erreur ou plutôt omission, Juan et Carolina Epherra comme ils se feront désormais appeler, ont eu treize enfants, cinq fils et huit filles entre 1859 et 1885, tous baptisés à Chascomùs sauf les deux derniers, l'une à Ayacucho et l'autre à Juarez. Dans les années 1890, on retrouve d'ailleurs la famille à Coronel Dorrego, une autre "ville nouvelle" de l'état de Buenos-Ayres. 

Chose rare dans une fratrie aussi nombreuse, dix d'entre eux vont parvenir à l'âge adulte et se marier.  A Chascomùs, ils vont fréquenter les Amestoy dont le père Guillermo (Guillaume) est originaire de Iholdy. S'en suivront quatre mariages entre les deux familles. Juan Epherra né en 1862 épousera Maria Vicenta Amestoy tandis que ses sœurs Eusebia, Carolina et Claudina lieront leur destin à trois frères Amestoy,  Graciano, Juan Pedro et Guillermo.    

Et tous ces mariages à partir de 1891 seront célébrés ... à Tres Arroyos ! Dans l'état actuel de mes recherches, toujours en cours, je recense une cinquantaine de petits-enfants tous ou presque baptisés en l'église Nuestra Señora del Carmen de Tres Arroyos dont la moitié sont des Epherra. Les derniers recensés étant des années 1915/1920, ce sont à n'en pas douter les aïeux des connaissances d'Alberto !

Nouvelle que je vais m'empresser de lui rapporter...

Sources : AD64, Gen&O, FamilysSearch, Geneanet. 
Illustrations : La gare de Chascomùs en 1875 (Wikipedia

dimanche 3 février 2019

Biziak oroit hiltzeaz (III)

Ceux qui me connaissent savent que je suis plutôt "cartésienne". Je ne crois pas trop aux "forces de l'esprit" comme disait un ancien Président, mais je dois admettre que les recherches autour de cette famille m'ont laissé un sentiment de malaise, à la limite de la fascination morbide. Le fait que je ne trouve aucune issue optimiste à cette histoire me perturbait.

Et puis par la magie des réseaux, un premier correspondant m'a fourni la date de décès de Jean Pierre ce qui, dans un premier temps, a encore contribué à me décourager. Sa fiche matricule nous apprenait que le pauvre garçon, petit - il mesurait 1m54 - et de mauvaise conformation (sic), avait été ajourné pour "faiblesse" et était décédé le 3 décembre 1893 à Talence. Fermez le ban. 

Mais si l'armée n'en avait pas voulu, il n'en fut pas de même d'une Demoiselle Marie Jeanne Julie Cassin, une parisienne de 24 ans, qu'il rencontra à Talence. Le jeune couple se marie dans cette banlieue de Bordeaux le 28 juillet 1890. Il faut dire que le temps pressait car un petit Jacques Emile pointait son nez le 27 septembre, à peine deux mois après la cérémonie.

J'ignore ce que faisait le couple, domicilié rue des Visitandines (une rue qui n'existe plus à Talence) mais lui est employé, elle ouvrière, peut-être dans ces usines comme la Biscuiterie Olidet ou la Conserverie Duprat et Durand [photo] très actives en cette fin de 19e siècle industrieux. Avant que la mort ne frappe encore à leur porte, ils auront le temps d'avoir un autre enfant, une petite fille.

Son père aura profité un peu de la petite Jeanne Berthe Amélie née le 8 août 1892 à Talence. Les mentions marginales de son acte de naissance nous renseignent un peu sur sa vie : elle se marie en 1922 avec un monsieur Jean Allard à Saint-Julien-Beychevelle dans le Médoc où elle décèdera le 15 novembre 1947. En revanche, aucun renseignement sur l'acte de son frère Jacques dont je n'ai pas retrouvé non plus le livret militaire.

Tous comptes faits, la vie s'est tout de même imposée dans le destin tragique de cette famille dont je me plais à penser qu'elle aura eu des descendants...

Mais le plus troublant restait à venir. Un autre internaute m'a adressé un avis de décès paru dans la "Petite Gironde" sur le site RetroNews, grâce auquel j'ai découvert que la mère de Jean Epherre, née Catherine Syndicq-Peyronne à Aramits, s'était rapprochée de la famille et qu'elle aussi était décédée à Bordeaux fin 1882. Que cette grand-mère béarnaise vienne prêter main forte à cette famille en détresse m'a plutôt rassurée.

Et quelle n'a pas été ma surprise de découvrir que son adresse était à quelque chose près ... la même que la mienne aujourd'hui ! La famille habitait ma rue ou pour être exacte, le prolongement de celle-ci. De là à penser que ces fameuses forces de l'esprit auxquelles j'avais du mal à croire se soient invitées dans ce récit ... je vous laisse juges.  
[Fin]

lllustration : Usine Duprat & Durant (conserveries et salaisons), Talence, Gironde (delcampe.net)
Sources : AD 64, AD 33, Archives Départementales de Bordeaux-Métropole, Gen&O, Filae.
Bibliographie : Dominique Dussol, "Saint-Genès-Nansouty", Ed. Le festin (novembre 2018) 

samedi 2 février 2019

Biziak oroit hiltzeaz (II)

Quatre enfants sur sept disparus prématurément, il me restait l'espoir qu'un ou deux soient parvenus à l'âge adulte. Dans le registre de l'année 1883, j'apprends que la cinquième de la fratrie, Catherine Brigitte qui allait fêter ses 10 ans en septembre, décède au premier jour de l'été. Les déclarants sont des octroyens comme son père et voisins de la famille qui habite alors 53 rue Bertrand de Goth. 

L'acte nous révèle également que sa mère n'est plus de ce monde. Marie Jeanne Raguin Castagné est donc décédée entre novembre 1877, date de la naissance de la petite Catherine Jeanne, et le 21 juin 1883. Je cherche la trace de son décès à Bordeaux, y compris dans les autres quartiers, et même à Aramits et à Lanne dans ce Béarn où la famille avait des attaches. En vain. 

Deux naissances une dizaine d'années plus tard m'apprennent que l'aînée des enfants, prénommée comme sa mère, Marie Jeanne, a accouché par deux fois de père "non nommé". Le 17 décembre 1886, une petite Félicité Marthe Marie est déclarée par une sage-femme de la rue Sainte-Catherine. En mai suivant, Marie Jeanne, 20 ans, la reconnaît. Elle est alors tailleuse et vit 19 rue du Cerf-volant.

En avril 1888, c'est au tour d'un petit garçon, Jean Louis, mis au monde par la même sage-femme mais toujours sans père. Mon empathie à l'égard de cette famille va être mise à rude épreuve car trois mois plus tard le bébé meurt au 168 route de Bayonne, là où se trouvait l'Hôpital des Enfants de Bordeaux (à deux pas de ma maison !).

A son tour, Marie Jeanne dont la dernière adresse connue est le 50 rue Bertrand de Goth, tout près de dudit hôpital, décède le 6 février 1891. Elle avait 23 ans. Son acte de décès mentionne cette fois que ses deux parents sont morts avant elle ! Où et quand est mort Jean Epherre ? Forcément entre juin 1883 et février 1891. Je cherche...

Je me raccroche alors désespérément à la destinée de la petite Félicité. Orpheline de sa mère et de ses grands-parents, née de père inconnu, elle a probablement était recueillie parmi les "enfants assistés" de l'hôpital de la route de Bayonne.

"A une époque où l'abandon et l'errance des enfants livrés à eux-mêmes étaient loin d'être éradiqués, la fonction d'hospice était indissossiable de celle de l'hôpital" écrit Dominique Dussol dans son récent ouvrage "Saint-Genès-Nansouty". Ainsi, peut-on lire dans l'"Annuaire du tout Sud-Ouest" en 1890 que l'établissement était destiné à recevoir les enfants trouvés, les abandonnés, les orphelins, les enfants de détenus, de parents malades et un certain nombre d'indigents"

Hélas, Félicité qui portait bien mal son prénom meurt au même endroit que son petit frère le 21 juillet 1892 à l'âge de 5 ans et demi. Cette branche embryonnaire n'aura donc rien donné non plus. Si vous avez bien compté, il reste un seul rejeton de cette famille sur laquelle le sort s'est acharnée. C'est le deuxième, un garçon baptisé Jean Pierre, né le 14 juillet 1869 à Bordeaux.

De lui, je ne sais rien. Pour compliquer la tâche, le prénom Jean Pierre est très répandu parmi les Eppherre. On le trouve dans toutes les branches et toutes les générations. Qu'Adolphe ou Camille ou même Jean Louis soient parvenus à l'âge adulte m'aurait arrangé mais ce n'est pas le généalogiste qui commande au destin !

Il ne me reste plus qu'à espérer qu'un jour un descendant de ce Jean Pierre Epherre bordelais se manifeste... Un fol espoir ? 
[A suivre]

La citation du titre de ces deux billets se retrouve dans de nombreux cimetières basques. Elle signifie "Vivants, souvenez-vous de la mort." Mort dont je sentais parfois la présence au-dessus de mon épaule alors que j'écrivais ces deux billets... 

lllustration : Hôpital des enfants de Bordeaux, service des Enfants assistés.
Sources : AD 64, AD 33, Archives Départementales de Bordeaux-Métropole, Gen&O,Filae.
Bibliographie : Dominique Dussol, "Saint-Genès-Nansouty", Ed. Le festin (novembre 2018) 

vendredi 1 février 2019

Biziak oroit hiltzeaz (I)

Mon intention était d'écrire un billet léger pour marquer le quatrième anniversaire de ce blog mais la généalogie étant ce qu'elle est, il n'est pas facile de savoir à l'avance où nos recherches vont nous mener. C'est ce qui m'est arrivé cette semaine, je me suis intéressée à une famille établie à Bordeaux, j'ai commencé à tirer le fil d'un récit, acte après acte, pour me retrouver dans une histoire digne de Zola !  

Alors que je cherchais à compléter une branche du côté du Béarn, celle des Epherre dit Socouet, deux actes de décès vers la fin de années 1870 attirèrent mon attention. A Lanne-en-Barétous, deux enfants de la même fratrie décédaient à un mois d'intervalle dans deux maisons différentes du village. Dans les deux cas, c'est leur père "nourricier" qui déclarait le décès de l'enfant.   

Fin décembre 1877, la mort du petit Camille, deux ans, était rapportée par le dénommé Honthaas, meunier, et le 30 janvier 1878, un maçon du nom de Jean Irigoyen venait signaler en mairie celle d'une petite Anne (Catherine Jeanne sur son acte de naissance), âgée de trois mois, soeur du premier. Dans chaque cas, il était précisé que l'enfant était né à Bordeaux au foyer de Jean Epherre, employé d'octroi dans cette ville, et Marie Jeanne Raguin Castagné, ménagère, son épouse.

Avec cette triste découverte, je n'étais hélas pas au bout de mes surprises ! Je commençais par retrouver l'acte de mariage du couple à Aramits, le 6 mars 1866 et à partir de là, arrivais à reconstituer la fratrie dont tous les actes de naissance sont en ligne sur le site des Archives de Bordeaux Métropole. Sept enfants, quatre filles et trois garçons, la constituaient, tous nés à Bordeaux, section 3, entre 1867 et 1877. 

Grâce à Filae et au travail d'indexation d'une association béarnaise*, je m'aperçus assez vite que deux aînés avaient perdu la vie dans les mêmes circonstances que leurs cadets, alors qu'ils étaient eux aussi placés en nourrice mais cette fois à Aramits, village natal de leur mère ! Le 8 février 1872, la mairie avait enregistré le décès d'un petit Adolphe de 15 mois dans la maison d'un certain Louis Constantin et le 11 octobre 1873, c'était au tour de sa sœur Sophie âgée de 20 mois, placée également.  

La question que je me pose est de savoir pourquoi les parents avaient mis leurs enfants en nourrice, la mère étant dite "ménagère", autrement dit, femme au foyer ? Etait-elle malade, avait-elle des problèmes qui l'empêchaient de s'occuper d'eux ? Quant aux enfants décédés avant leur deux ans, étaient-ils porteurs d'une maladie génétique ou comme beaucoup, victimes de mortalité infantile ? J'en arrivais même à me demander s'ils avaient été bien soignés dans leurs familles d'accueil. Un couple de Thénardier, je veux bien mais quatre ?

Autre surprise de taille pour moi, la découverte que cette famille dont je porte le nom à une lettre près, a vécu tout près de chez moi à Bordeaux. D'abord cours Portal, puis rue Lafontaine et enfin, rue Bertrand de Goth à proximité de ce qu'on appelait la route de Bayonne jusqu'en 1919 avant qu'elle ne devienne le cours de l'Argonne. 

Au 19e siècle, ce quartier de Nansouty vit affluer une forte vague d'immigrés espagnols. C'était un quartier populaire mais pas uniquement, composé de familles d'ouvriers, d'employés et de militaires. C'est là que fleurirent les fameuses échoppes bordelaises, un habitat plutôt modeste à cette époque, bientôt rejointes par les cités d'Habitation à Bon Marché (HBM).  

Jean, le père de famille était employé d'octroi ou octroyen, probablement dans un cadre tel que celui qui figure sur cette carte postale ancienne de la Porte de Bourgogne. Pour en savoir plus sur ce métier, je renvoie mon lecteur à l'excellent billet du blog Des aïeux et des hommes.

Quant à la saga de cette famille, j'aimerais pouvoir écrire que les choses vont s'arranger pour elle ...

[A suivre]
* GBMDV, Mémoire des Vallées du Béarn

Illustration : La Porte de Bourgogne, l'octroi et le tramway à Bordeaux.
Sources : AD 64, Archives Départementales de Bordeaux-Métropole, Gen&O,Filae.
Bibliographie : Dominique Dussol, "Saint-Genès-Nansouty", Ed. Le festin (novembre 2018) 

vendredi 27 mars 2015

Où les prénoms suivent la tradition ... ou pas

Ramiro Arrue y Valle
Généalogistes sérieux, passez votre chemin, ce billet n'est pas pour vous...
Aujourd'hui, dernier jour d'une semaine bien remplie, notamment passée à retranscrire de nombreux actes de mes lointains cousins de Barcus et de Lanne, j'ai envie de vous parler d'un sujet plus léger : le choix des prénoms.

Très tôt, j'ai su que je devais le mien à une longue tradition familiale. En commençant cette généalogie, je me suis vite aperçue que celle-ci remontait au 18e siècle. Les aînés, du moins "mâles" de la famille Eppherre, s'appellent tous ou presque Dominique depuis 1725. C'est le cas de mon père et d'une bonne  douzaine de ses devanciers. Jean (le prénom de mon oncle) tient la corde. Pour les filles, la gagnante est sans conteste Marie mais ce n'est pas le propre de ma famille. En tournant les pages des AD du 64, j'ai pu constater qu'environ deux filles sur trois le portaient au 19e siècle. En somme, je suis une bonne synthèse...

Néanmoins, j'ai déjà évoqué ici ma rencontre avec une Scholastique dont le prénom m'avait intriguée. Depuis, j'ai trouvé une Euphrosine, dont la sainte patronne est une jeune chrétienne d'Alexandrie au 5e siècle qui choisit Dieu plutôt que le vieux mari imposé par son père (je résume).

Mais la palme des prénoms originaux dans mon arbre revient à ceux donnés par Thérèse Curutchet dite Eppherre (1798-1844) de Barcus. Petite dernière d'une fratrie de dix enfants dont six auront une descendance, elle épouse le 19 novembre 1822 un Jean Etchandy de Barcus du même âge qu'elle. Sur leur acte de mariage, il est dit marchand de laine. Les affaires ont dû être florissantes car sur les actes de naissance de leurs enfants, très vite il sont mentionnés comme rentiers...

Ensemble, ils auront sept enfants dont les prénoms dénotent une certaine originalité comparés à ceux de leurs nombreux cousins. Jugez-en plutôt : Bathilde (1823), Jean Marcel (1824), François Ildephonse (1826), Marie Julie (1827), Marianne Adélaïde (1829), Philippine (1831) et enfin Jean-Baptiste (1835).   

Et vous, votre "top list" des prénoms les plus surprenants ?