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Aussurucq, cerca 1910 (Jacques Gorre) |
jeudi 30 mars 2023
Un conseil municipal au sortir de la Grande Guerre
mercredi 6 octobre 2021
La dernière héritière du Château de Ruthie
vendredi 7 mai 2021
Gratian Ducque (1600 - ap. 1682), mon ancêtre né sous Henri IV
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Signatude de Gratian De Ducque en 1664 |
dimanche 25 octobre 2020
Quand un ancêtre "invisible" rajoute une branche à notre arbre
Notre Pierre, donc, naît à Sunharette vers 1788 dans la maison Iriart de ce village de 121 âmes*, berceau d'une partie de ma famille souletine. Comme 90% des habitants, ses parents sont cultivateurs. Son père est son exact homonyme, Pierre Apeceix (son patronyme) dit Iriart (son domonyme). Sa mère, Marie Recalt dite Iriart, est native de Sunharette. Sauf erreur de ma part, ils ont eu sept enfants parvenus à l'âge adulte.
L'aînée, et future héritière de la maison, Marie, est la seule dont j'ai retrouvé l'acte de baptême, lequel indique qu'elle est née un 1er janvier (comme moi !) de l'année 1780. Elle et ses cadets naîtront tous sous le règne de Louis XVI sauf les deux derniers. Les chances pour moi de reconstituer cette fratrie étaient quasi nulles si Pierre n'avait décidé de faire son testament.
Le 10 février 1826, Pierre qui n'a pas 40 ans, est laboureur au Bordar d'Epilune à Alçay, un village voisin (les communes d'Alçay, Alçabehety et Sunharette fusionneront en 1833). Mais c'est dans sa maison natale Iriart de Sunharette que Maître Jean-Baptiste Detchandy (1777-1848), notaire royal (Charles X est au pouvoir) à Abense-de-Haut, se rend au chevet du malade, accompagné de trois témoins.
Le testament court sur cinq pages dans lesquelles le notaire transcrit les dernières volontés de Pierre. Les différents legs à ses neveux et nièces, filleul.es, frères et sœurs et à sa mère encore vivante (le père de famille est décédé cinq ans auparavant) vont me permettre de dénouer un à un les fils de cette branche. Pierre dont l'acte de décès mentionne qu'il était marié (ce que je n'ai pu vérifier), n'a vraisemblablement pas eu d'enfants mais s'est montré à la fois généreux et équitable pour sa nombreuse famille !
J'ai donc pu établir qu'il avait eu deux frères, Pierre Iriart dit Sorhondo, marié à Engrace Oxibar, métayer à Suhare puis cultivateur à Camou, dont le fils Pierre était un filleul ... de Pierre. L'autre frère, Jean, domestique à Suhare au moment du testament, était lui marié à une Luce Irigoyen dite Ardoy de Cihigue. La sœur aînée, Marie, s'est mariée avec Jean Etcheto dit Iriart, maire du village de Sunharette, et le couple aura également sept enfants dont l'aînée est la filleule de Pierre.
La cadette Christine épouse en 1807 un Pierre Mendiondo de Menditte et ce couple de métayers donnera naissance à neuf enfants dans toute la Soule avant de se fixer à Roquiague. L'un des fils se prénomme Pierre comme son parrain qui ne l'oublie pas non plus !
Une autre sœur, Thérèse, se marie en 1814 avec un Jean Haritchague dit Curutchet de Sibas. Je ne leur ai trouvé qu'une fille, Magdeleine, autre filleule de Pierre. Enfin, la benjamine, Elisabeth, épouse en 1824 un forgeron de Lacarry, Dominique Carricart. Le couple aura quatre enfants. Les deux sœurs, Thérèse et Elisabeth, décéderont la même année de 1869 à deux mois d'écart. Leur sœur aînée Marie est morte vingt ans plus tôt.
Sources : Webinaire de MyHeritage
samedi 17 octobre 2020
La quête de Dominique Inchauspé dit Tanto (I)
Le 23 avril 1845, je me glissais subrepticement dans la maison de Pierrisen du bourg d'Abense-de-Haut en Soule. Dans une chambre à l'étage, un lit recouvert d'une courtepointe en laine rouge et surmonté d'un grand crucifix en bois occupait toute la place. De l'oreiller émergeait la tête d'un vieillard chenu qui semblait au plus mal.
Je m'assis sur une chaise en paille à hauteur de son visage et pris une de ses mains tavelées entre mes doigts. Je me préparai à un monologue plus qu'à un véritable échange, j'ignorai même si son cerveau fatigué capterait mes mots mais peu m'importait, j'avais beaucoup choses à lui dire. Et pour commencer, que j'avais mis cinq ans à le retrouver.
"Aitatxi*, je vous dois une explication. Je suis votre descendante à la sixième génération et depuis cinq ans je m'adonne à la généalogie. Or, vous êtes l'aïeul qui m'a donné le plus de fil à retordre. J'ai su assez vite que vous étiez Dominique Inchauspé dit Tanto, le père de Jean-Baptiste, mon quadrisaïeul. Vous et votre épouse, Marie Jauréguiberry, êtes mentionnés dans son acte de mariage de 1811 avec Marie-Jeanne Duthurburu. Jolie dot entre parenthèses !
Non, mon problème était de vous relier avec une maison Inchauspé et je ne vous apprendrais rien en vous disant que c'est un nom que l'on retrouve dans presque tous les villages basques. Et voilà que récemment, je tombe sur le répertoire des minutes de M° Jean-Pierre Detchandy, notaire ici-même, et que vous avez bien connu si j'en juge par le nombre d'actes où vous apparaissez.
Dans la marge renvoyant à un acte du 8 août 1789, vous êtes cité comme Dominique Inchauspé dit Tanto mais, vérification faite dans le minutier, l'acte se réfère à un Dominique Inchauspé de Lacarry. Lequel est témoin d'une obligation entre tiers et signe d'une jolie signature. Mue par l'intuition du généalogiste, je parcours les registres de baptême et mariages de Lacarry qui sont assez fournis pour l'époque.
Là, je découvre l'acte de baptême le 13 août 1789 d'un Dominique, fils de l'héritière de la maison Inchauspé de ce lieu et dont le parrain est cadet de ladite maison. Et, - miracle ! - je reconnais votre signature très particulière avec son "I" tirant sur le "y". Je sens que je brûle.
En décembre 1790, toujours dans les minutes de M° Detchandy, les choses se précisent : vous êtes Dominique Elissagaray dit Inchauspé**, cadet de Lacarry et domicilié à Abense-de-Haut, et en mars 1791, vous devenez Dominique Inchauspé, maître adventice de la maison Jauréguiberry (le nom de votre femme !).
Enfin, en mai suivant, le clerc de notaire se fait encore plus précis : Dominique Elissagaray dit Inchauspé de Lacarry, marchand, résidant à Abense-de-Haut. Il faut attendre mars 1793 pour que vous apparaissiez comme Dominique Inchauspé dit Tanto, maison dans laquelle vous déclarez à partir de 1796 la naissance de deux fils, Manuel et Pierre, et le décès d'une petite fille de 5 ans prénommée Marie."
Avais-je rêvé où étais-je en train de sentir une pression de la main du vieillard dans la mienne ? Raviver ces souvenirs l'avait-il bouleversé ? Si je voulais continuer à dérouler le fil de sa vie, il me fallait user de plus de doigté...
A suivre...
*Aitatxi : grand-père en basque (écrit aussi aïtatchi)
** Rappel : en généalogie basque, le nom de la maison (domonyme) prime sur celui du père (patronyme).
Illustration : J. Unceta "Aldeano con paisaje y caserío"
Sources : AD 64 (BMS, Etat civil et minutes notariales)
Ce billet a été réalisé dans le cadre du RDV Ancestral, un projet d'écriture mêlant littérature et généalogie. La règle du jeu est la suivante: je me transporte dans une époque et je rencontre un aïeul. Pour retrouver mes précédents billets sur ce thème, suivre le libellé #RDVAncestral.
samedi 10 octobre 2020
L'héritier, la cougar et la domestique
jeudi 9 avril 2020
Monographie d'une commune basque : Aussurucq (VII)

mercredi 8 avril 2020
Monographie d'une commune basque : Aussurucq (VI)

mardi 7 avril 2020
Monographie d'une commune basque : Aussurucq (V)


Depuis quelques années se tient en juillet dans un cadre qui s'y prête parfaitement un événement musical, "Aussurucq Lyrique" où de belles voix résonnent entre ces murs qui en ont déjà entendues d'autres. Les Basques, je l'ai déjà dit, ont des voix puissantes - surtout les hommes - un sens inné de l'harmonie vocale et leurs polyphonies n'ont rien à envier à celles des Corses !
mardi 31 mars 2020
Monographie d'une commune basque : Aussurucq (IV)
Si l'école des garçons a un local qui lui est affecté, celle des filles est louée 150 francs par an. En 1884, la classe unique est dirigée par Batilde Joanicot qui a remplacé Adélaïde Lassalle. Mademoiselle Joanicot est née le 3 septembre 1856 à Ogenne-Camptort (canton d'Oloron-Ste-Marie). Native d'une petite commune béarnaise, on peut penser qu'elle ne parle pas le basque, ce qui est l'effet recherché à cette époque où tous les enfants sont censés maîtriser le français.
Batilde est fille d'un instituteur, Thomas-Pierre Joanicot, et sœur cadette d'une institutrice, Marie-Catherine Joanicot. Les dynasties d'instituteurs sont courantes au 19e siècle (rappelons que la fille de Dominique Irigoyen, Engrâce Brisé est alors institutrice à St-Just-Ibarre et que ses deux fils, Jean-Baptiste et Dominique Brisé, embrasseront la carrière à leur tour).
Dans la classe de filles, 40 élèves sont inscrites en cette année 1884 dont six de quatre à cinq ans,
deux de 5 à 6 ans et 32, de 6 à 13 ans. Dans les faits, seules 27 sont présentes parmi lesquelles deux étrangères dont je n'ai pu déterminer l'origine (probablement espagnole). Là encore, avec une salle de 26 m², huit places manquent à l'appel pour accueillir correctement les enfants. A noter que - en dehors des heures de classe, j'imagine - Mademoiselle Joanicot fait la classe à vingt adultes !
Est-ce par ce biais qu'elle rencontre son futur mari ? Toujours est-il que le 4 octobre 1886, l'institutrice de 30 ans, épouse Dominique Elhorry, 22 ans, cordonnier à Aussurucq et natif d'Ossas. J'ignore où elle a poursuivi sa carrière* mais elle l'a terminée fin 1921 après 43 ans de services.
Pour clore sur ce chapitre, j'évoquerai un personnage qui eut son importance en matière scolaire : Jean-Baptiste Archu (ou Arxu), né à Aussurucq le 11 septembre 1811 et décédé à La Réole (Gironde) le 9 juin 1881. Inspecteur des écoles primaires de ce département, on lui doit une Grammaire basque française à l'usage des écoles du pays basque (1853) et plus anecdotique, une traduction en vers basques de quelques Fables de la Fontaine.
Je renouvelle mes remerciements à Nicolas Urruty qui en 2018 avait fait des recherches pour moi aux AD 64 (Pau) sur les instituteurs de ma famille. Pour ceux que cela intéresserait, je tiens à leur disposition les listes des dossiers des instituteurs et institutrices des Basses-Pyrénées consultables en salle de lecture à Pau.
jeudi 26 mars 2020
Monographie d'une commune basque : Aussurucq (III)
Sources : Dans le corps du texte.
Et sur les conseils de Stanislas, voici les liens avec les épisodes précédents : http://bit.ly/2UlkR3b et http://bit.ly/3dnyzey
jeudi 19 mars 2020
Monographie d'une commune basque : Aussurucq (II)

mercredi 18 mars 2020
Monographie d'une commune basque : Aussurucq (I)
La fondation du village remonterait au 12e siècle. Le nom d'Auçuruc apparaît dès 1189 d'après Jean-Baptiste Orpustan, auteur d'une toponymie basque régulièrement mise à jour. Le nom signifierait "lieu situé de l'autre côté des aulnes" de (h)alts "aulne" et urruti "situé de l'autre côté". Le nom du château de Ruthie (j'y reviendrai) qui trône au centre du village est aussi un dérivatif de "urruti".
Toujours d'après Orpustan, l'aulnaie devait se situer sur les bords du ruisseau de Guessalia (eau saumâtre), toutes les maisons du village se trouvant assez loin sur la rive gauche. Je renvoie mon lecteur à un #RDVAncestral qui évoquait Guessalia, un lieu-dit sur lequel un ancien moulin a désormais pour propriétaire mon cousin Dominique.
Si on remonte dans le temps, on trouve des traces de présence humaine en Soule dès le paléolithique moyen (entre 350 000 et 45 000 ans avant notre ère) et notamment des restes préhistoriques dans les grottes Xaxixiloaga à Aussurucq (sources : Histoire de la Soule sur Wikipedia).
L'histoire d'Aussurucq est intimement liée à celle du château de Ruthie. D'après Mérimée, le château est mentionné pour la première fois dans une charte de l'abbaye de Roncevaux en 1189 qui y fonda un hôpital pour les pèlerins se rendant à Saint-Jacques de Compostelle. Au milieu du 16e siècle, la plupart des maisons nobles du pays de Soule furent incendiées avant d'être relevées.
Le château tel qu'on le voit aujourd'hui se compose de deux corps de logis datant des 17e et 18e siècles. Inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments historiques en avril 1925, il abrite aujourd'hui la mairie du village. Parmi les Seigneurs de Ruthie qui se sont succédé, le plus célèbre est sans doute Pierre-Arnaud ou Peyrot de Ruthie, l'un des cent gentilhommes de la chambre des rois sous Louis XII puis François 1er.
Une pastorale lui a été consacrée en 2002 "Urrüti Jauregiko Peirot", écrite et mise en scène par le musicien et chanteur basque Niko Etxart (natif d'Aussurucq !) et jouée par les Altzürükütar ou Aussuruquois, dont plusieurs de mes cousins.
Sources : Dans le corps de texte
En savoir plus sur le Château de Ruthie et ses seigneurs : lire l'article de Ikerzaleak.