Aussurucq, cerca 1910 (Jacques Gorre) |
jeudi 30 mars 2023
Un conseil municipal au sortir de la Grande Guerre
mercredi 6 octobre 2021
La dernière héritière du Château de Ruthie
vendredi 7 mai 2021
Gratian Ducque (1600 - ap. 1682), mon ancêtre né sous Henri IV
Signatude de Gratian De Ducque en 1664 |
samedi 6 février 2021
Le soldat qui partit à l'armée à la place d'un autre
Pour resituer le contexte, nous sommes en juillet 1821. Napoléon 1er est mort à Saint-Hèlène deux mois auparavant et le trône de France (et de Navarre), est à nouveau occupé par Louis XVIII depuis juillet 1815*. C'est la période que les historiens qualifieront de Seconde Restauration.
Détail qui a son importance pour ce qui va suivre, le service militaire obligatoire a été rétabli le 12 mars 1818 par la loi Gouvion-St-Cyr et sa durée en a été fixée à six ans. Le tirage au sort est en vigueur pour recruter 40 000 conscrits par an, soit un homme sur dix. La possibilité de se faire remplacer qui avait donné lieu à des surenchères folles sous l'Empire est maintenue.
Le 9 juillet 1821 se présentent donc à l'étude de M° Harismendi Bernard Arroqui de la commune des Aldudes et son père Pierre. Ce Pierre Arroqui (1766-1847) est le petit-fils de mon sosa 378, Peillo De Sarry dit Arroqui. Un collatéral assez éloigné donc mais qui me permet d'aborder un sujet que je n'avais encore jamais évoqué.
Pierre, appelé aussi "Bethi" Arroqui, cadet de Haltçart (ou Haltçartenia) des Aldudes est métayer à la borde de Louisenia lorsque son fils Bernard naît le 7 Germinal an VII (27 mars 1799) et non le 27 comme le note le notaire dans l'acte de remplacement. La mère, Marie Laxague, n'est pas présente. On imagine que tout ceci est une affaire d'hommes...
Bernard a obtenu le numéro 80 au tirage au sort de 1820 pour les conscrits de l'année précédente mais il s'est porté volontaire - avec le consentement de son père - pour remplacer au service militaire un conscrit qui lui, a tiré un mauvais numéro. Ce dernier, Miguel Ipoutcha, laboureur, est né le 29 janvier 1798 à Ossès (là, je suis obligée de croire notre bon notaire sur parole, les registres des cette époque pour cette commune ayant disparu).
Miguel est le fils de Martin Ipoutcha et de Marie Urretiber, maîtres de la maison d'Ipoutchennia à Ossès, quartier d'Exare. A la grande loterie de l'Armée de 1818, il a tiré le numéro 23 et il vient juste d'être appelé sous les drapeaux. Malheureusement pour notre récit, le régiment n'est pas précisé dans l'acte.
Le remplacement de Miguel par Bernard est donc acté moyennant la somme de huit cent francs sur laquelle les deux parties se sont entendues. Le jour même de la signature de l'acte, Bernard reçoit 300 francs. Le solde de 500 francs doit lui être payé par Martin Ipoutcha dans un an. Pour ce faire, le laboureur n'hésite pas à hypothéquer sa maison d'Ipoutchennia et ses dépendances (basse-cour, jardin, bordes, terres, vignes, bois, fougeraies...).
On le voit l'affaire est sérieuse ! On imagine que Martin Ipoutcha, propriétaire, a vraiment besoin de bras et ne peut se passer de son fils alors que Pierre Arroqui, cadet, métayer, peut faire sans le sien. À moins que Bernard n'ait eu simplement le goût de l'aventure...
Une autre condition du contrat est intéressante : les 300 francs du premier versement devront être entièrement restitués à Martin Ipoutcha si Bernard Arroqui désertait avant l'expiration d'une année. Cette clause sera portée à son contrat militaire et son père Pierre s'y engage solidairement.
Preuve encore s'il en fallait de l'enjeu de ce contrat, les deux témoins de l'acte de remplacement sont Dominique Ibarnegaray, huissier à Saint-Etienne et Martin Arrambide, maire de la commune des Aldudes qui signent tous les deux mais aucune des parties en présence "pour ne savoir ni écrire ni signer".
vendredi 22 janvier 2021
Mes ancêtres de la vallée des Aldudes (I)
Janvier est propice aux bonnes résolutions ou pour le moins à se fixer des objectifs. En 2021, l'un des miens est de m'intéresser aux branches les plus dénudées de mon arbre. C'est ainsi que je me suis aperçue que si mes ancêtres souletins avaient de moins en moins de secrets pour moi, c'était loin d'être le cas pour les Bas-Navarrais. Ma grand-mère paternelle, Marie-Anne Etchemendy est native de Saint-Jean-le-Vieux, son père venait de Mendive et sa mère de Valcarlos en Navarre espagnole.
Jusque là, je m'étais très peu intéressée aux Aldudes, grave lacune car cette vallée pyrénéenne aux confins de l'Espagne est non seulement réputée pour sa beauté mais aussi pour son riche passé. Pour la petite histoire, le village aurait été fondé au 16e siècle par des cadets de Baïgorry écartés du droit de propriété du fait de la tradition ancestrale basque de favoriser les aînés dans la transmission du patrimoine.
Le grand-père maternel de ma grand-mère Marie-Anne, Jean Biscatchipy dit Gachté avait épousé à Saint-Jean-le-Vieux le 19 février 1871 Marianne Saroiberry des Aldudes. Quatrième d'une fratrie de sept enfants dont au moins une sœur émigrée en Argentine, elle est la fille de Mathieu ou Mathias Saroiberry (ca 1784-1858), maître de la borde d'Esquerra aux Aldudes et de Marie Erramuspé (ca 1800-1850) dont l'origine reste encore un mystère à éclaircir pour moi.
Je reviendrai dans un prochain billet sur les Saroiberry mais mon propos pour l'heure est d'illustrer une fois de plus la difficulté pour le généalogiste profane de s'y retrouver dans le maquis des patronymes et domonymes basques. J'ai plusieurs fois eu l'occasion de donner ici des exemples de noms de maisons qui s'étaient progressivement substitués au nom de famille mais là, avec la branche Coscorchilo des Aldudes, on atteint des sommets !
A suivre...
mercredi 11 novembre 2020
100 mots pour une vie : Jean Etchemendy (1877-1928)
Avant de se marier, il avait tenté sa chance en Californie où, d’après sa fiche matricule, il s’était enregistré au Consulat de San Francisco en 1905.
dimanche 25 octobre 2020
Quand un ancêtre "invisible" rajoute une branche à notre arbre
Notre Pierre, donc, naît à Sunharette vers 1788 dans la maison Iriart de ce village de 121 âmes*, berceau d'une partie de ma famille souletine. Comme 90% des habitants, ses parents sont cultivateurs. Son père est son exact homonyme, Pierre Apeceix (son patronyme) dit Iriart (son domonyme). Sa mère, Marie Recalt dite Iriart, est native de Sunharette. Sauf erreur de ma part, ils ont eu sept enfants parvenus à l'âge adulte.
L'aînée, et future héritière de la maison, Marie, est la seule dont j'ai retrouvé l'acte de baptême, lequel indique qu'elle est née un 1er janvier (comme moi !) de l'année 1780. Elle et ses cadets naîtront tous sous le règne de Louis XVI sauf les deux derniers. Les chances pour moi de reconstituer cette fratrie étaient quasi nulles si Pierre n'avait décidé de faire son testament.
Le 10 février 1826, Pierre qui n'a pas 40 ans, est laboureur au Bordar d'Epilune à Alçay, un village voisin (les communes d'Alçay, Alçabehety et Sunharette fusionneront en 1833). Mais c'est dans sa maison natale Iriart de Sunharette que Maître Jean-Baptiste Detchandy (1777-1848), notaire royal (Charles X est au pouvoir) à Abense-de-Haut, se rend au chevet du malade, accompagné de trois témoins.
Le testament court sur cinq pages dans lesquelles le notaire transcrit les dernières volontés de Pierre. Les différents legs à ses neveux et nièces, filleul.es, frères et sœurs et à sa mère encore vivante (le père de famille est décédé cinq ans auparavant) vont me permettre de dénouer un à un les fils de cette branche. Pierre dont l'acte de décès mentionne qu'il était marié (ce que je n'ai pu vérifier), n'a vraisemblablement pas eu d'enfants mais s'est montré à la fois généreux et équitable pour sa nombreuse famille !
J'ai donc pu établir qu'il avait eu deux frères, Pierre Iriart dit Sorhondo, marié à Engrace Oxibar, métayer à Suhare puis cultivateur à Camou, dont le fils Pierre était un filleul ... de Pierre. L'autre frère, Jean, domestique à Suhare au moment du testament, était lui marié à une Luce Irigoyen dite Ardoy de Cihigue. La sœur aînée, Marie, s'est mariée avec Jean Etcheto dit Iriart, maire du village de Sunharette, et le couple aura également sept enfants dont l'aînée est la filleule de Pierre.
La cadette Christine épouse en 1807 un Pierre Mendiondo de Menditte et ce couple de métayers donnera naissance à neuf enfants dans toute la Soule avant de se fixer à Roquiague. L'un des fils se prénomme Pierre comme son parrain qui ne l'oublie pas non plus !
Une autre sœur, Thérèse, se marie en 1814 avec un Jean Haritchague dit Curutchet de Sibas. Je ne leur ai trouvé qu'une fille, Magdeleine, autre filleule de Pierre. Enfin, la benjamine, Elisabeth, épouse en 1824 un forgeron de Lacarry, Dominique Carricart. Le couple aura quatre enfants. Les deux sœurs, Thérèse et Elisabeth, décéderont la même année de 1869 à deux mois d'écart. Leur sœur aînée Marie est morte vingt ans plus tôt.
Sources : Webinaire de MyHeritage
dimanche 18 octobre 2020
La quête de Dominique Inchauspé dit Tanto (II)
Sources : AD 64 (BMS, Etat civil et minutes notariales) - Acte de décès de Dominique Inchauspé dit Tanto (sosa 68).
Ce billet a été réalisé dans le cadre du RDV Ancestral, un projet d'écriture mêlant littérature et généalogie. La règle du jeu est la suivante: je me transporte dans une époque et je rencontre un aïeul. Pour retrouver mes précédents billets sur ce thème, suivre le libellé #RDVAncestral.
samedi 17 octobre 2020
La quête de Dominique Inchauspé dit Tanto (I)
Le 23 avril 1845, je me glissais subrepticement dans la maison de Pierrisen du bourg d'Abense-de-Haut en Soule. Dans une chambre à l'étage, un lit recouvert d'une courtepointe en laine rouge et surmonté d'un grand crucifix en bois occupait toute la place. De l'oreiller émergeait la tête d'un vieillard chenu qui semblait au plus mal.
Je m'assis sur une chaise en paille à hauteur de son visage et pris une de ses mains tavelées entre mes doigts. Je me préparai à un monologue plus qu'à un véritable échange, j'ignorai même si son cerveau fatigué capterait mes mots mais peu m'importait, j'avais beaucoup choses à lui dire. Et pour commencer, que j'avais mis cinq ans à le retrouver.
"Aitatxi*, je vous dois une explication. Je suis votre descendante à la sixième génération et depuis cinq ans je m'adonne à la généalogie. Or, vous êtes l'aïeul qui m'a donné le plus de fil à retordre. J'ai su assez vite que vous étiez Dominique Inchauspé dit Tanto, le père de Jean-Baptiste, mon quadrisaïeul. Vous et votre épouse, Marie Jauréguiberry, êtes mentionnés dans son acte de mariage de 1811 avec Marie-Jeanne Duthurburu. Jolie dot entre parenthèses !
Non, mon problème était de vous relier avec une maison Inchauspé et je ne vous apprendrais rien en vous disant que c'est un nom que l'on retrouve dans presque tous les villages basques. Et voilà que récemment, je tombe sur le répertoire des minutes de M° Jean-Pierre Detchandy, notaire ici-même, et que vous avez bien connu si j'en juge par le nombre d'actes où vous apparaissez.
Dans la marge renvoyant à un acte du 8 août 1789, vous êtes cité comme Dominique Inchauspé dit Tanto mais, vérification faite dans le minutier, l'acte se réfère à un Dominique Inchauspé de Lacarry. Lequel est témoin d'une obligation entre tiers et signe d'une jolie signature. Mue par l'intuition du généalogiste, je parcours les registres de baptême et mariages de Lacarry qui sont assez fournis pour l'époque.
Là, je découvre l'acte de baptême le 13 août 1789 d'un Dominique, fils de l'héritière de la maison Inchauspé de ce lieu et dont le parrain est cadet de ladite maison. Et, - miracle ! - je reconnais votre signature très particulière avec son "I" tirant sur le "y". Je sens que je brûle.
En décembre 1790, toujours dans les minutes de M° Detchandy, les choses se précisent : vous êtes Dominique Elissagaray dit Inchauspé**, cadet de Lacarry et domicilié à Abense-de-Haut, et en mars 1791, vous devenez Dominique Inchauspé, maître adventice de la maison Jauréguiberry (le nom de votre femme !).
Enfin, en mai suivant, le clerc de notaire se fait encore plus précis : Dominique Elissagaray dit Inchauspé de Lacarry, marchand, résidant à Abense-de-Haut. Il faut attendre mars 1793 pour que vous apparaissiez comme Dominique Inchauspé dit Tanto, maison dans laquelle vous déclarez à partir de 1796 la naissance de deux fils, Manuel et Pierre, et le décès d'une petite fille de 5 ans prénommée Marie."
Avais-je rêvé où étais-je en train de sentir une pression de la main du vieillard dans la mienne ? Raviver ces souvenirs l'avait-il bouleversé ? Si je voulais continuer à dérouler le fil de sa vie, il me fallait user de plus de doigté...
A suivre...
*Aitatxi : grand-père en basque (écrit aussi aïtatchi)
** Rappel : en généalogie basque, le nom de la maison (domonyme) prime sur celui du père (patronyme).
Illustration : J. Unceta "Aldeano con paisaje y caserío"
Sources : AD 64 (BMS, Etat civil et minutes notariales)
Ce billet a été réalisé dans le cadre du RDV Ancestral, un projet d'écriture mêlant littérature et généalogie. La règle du jeu est la suivante: je me transporte dans une époque et je rencontre un aïeul. Pour retrouver mes précédents billets sur ce thème, suivre le libellé #RDVAncestral.
samedi 10 octobre 2020
L'héritier, la cougar et la domestique