vendredi 22 janvier 2021

Mes ancêtres de la vallée des Aldudes (I)

Janvier est propice aux bonnes résolutions ou pour le moins à se fixer des objectifs. En 2021, l'un des miens est de m'intéresser aux branches les plus dénudées de mon arbre. C'est ainsi que je me suis aperçue que si mes ancêtres souletins avaient de moins en moins de secrets pour moi, c'était loin d'être le cas pour les Bas-Navarrais. Ma grand-mère paternelle, Marie-Anne Etchemendy est native de Saint-Jean-le-Vieux, son père venait de Mendive et sa mère de Valcarlos en Navarre espagnole.

Jusque là, je m'étais très peu intéressée aux Aldudes, grave lacune car cette vallée pyrénéenne aux confins de l'Espagne est non seulement réputée pour sa beauté mais aussi pour son riche passé. Pour la petite histoire, le village aurait été fondé au 16e siècle par des cadets de Baïgorry écartés du droit de propriété du fait de la tradition ancestrale basque de favoriser les aînés dans la transmission du patrimoine.   

Le grand-père maternel de ma grand-mère Marie-Anne, Jean Biscatchipy dit Gachté avait épousé à Saint-Jean-le-Vieux le 19 février 1871 Marianne Saroiberry des Aldudes. Quatrième d'une fratrie de sept enfants dont au moins une sœur émigrée en Argentine, elle est la fille de Mathieu ou Mathias Saroiberry (ca 1784-1858), maître de la borde d'Esquerra aux Aldudes et de Marie Erramuspé (ca 1800-1850) dont l'origine reste encore un mystère à éclaircir pour moi. 

Je reviendrai dans un prochain billet sur les Saroiberry mais mon propos pour l'heure est d'illustrer une fois de plus la difficulté pour le généalogiste profane de s'y retrouver dans le maquis des patronymes et domonymes basques. J'ai plusieurs fois eu l'occasion de donner ici des exemples de noms de maisons qui s'étaient progressivement substitués au nom de famille mais là, avec la branche Coscorchilo des Aldudes, on atteint des sommets !

Tout a commencé pour moi par une recherche à la fois sur les AD64, Gen&O et Geneanet de ma sosa 189, Marie Arroquy dont je ne sais rien si ce n'est qu'elle est la mère de Mathieu Saroiberry. Sur Geneanet, plusieurs arbres mentionnent son mariage avec Gratian Saroiberry le 21 août 1786 aux Aldudes. Acte introuvable aussi bien dans les BMS des Aldudes que dans ceux de Saint-Etienne-de-Baïgorry, paroisse à laquelle les Aldudes ont été longtemps rattachés sous l'Ancien Régime.

Néanmoins, je repère parmi les références Geneanet une information plus précise qui mentionne une date de contrat de mariage (et non d'acte de mariage ce qui change tout !). Par chance, connaissant bien ce contact je lui demande via la messagerie du site le lien avec cette minute notariale qu'il m'adresse aussitôt. Et là, surprise, Gratian Saroiberry est en fait un Irary et Marie, cadette de Coscorchilo, est représentée par son père dont le véritable patronyme est (De) Sarry : aucune mention de Saroiberry ni d'Arroquy, je comprends que je sois passée à côté !

Munie des "nouveaux" patronymes / domonymes Sarry et Coscorchilo, je parviens tant bien que mal à reconstituer les familles autour de ces deux maisons. Et là, je me heurte à une deuxième difficulté : sur Filae, un "petit malin" a identifié une Marie Coscorchilo, fille de Pierre, née en 1760, qui potentiellement pourrait être mon aïeule. Sauf que je sens que ça ne colle pas... 

A partir de son contrat de mariage et de celui d'une autre sœur de la maison de Coscorchilo dans lequel à chaque fois, le père se fait accompagner de son gendre, maître jeune de la dite maison, je peux enfin déterminer qui est "la" Marie dont je descends et reconstituer sa fratrie. 

Dernière de neuf enfants, Marie est baptisée le 26 février 1758. Selon les actes de baptême de ses frères et sœurs entre 1740 à 1756, certains sont nommés (De) Sarry, d'autres (De) Coscorchilo et d'autres (D')Arroqui ou Arroquy ! Grâce à la mention des parrains et marraines et de leurs maisons, je parviens à identifier une bonne partie des membres de cette grande famille. 

Pour la première fois, je dois admettre que j'ai bien failli jeter l'éponge ! On ne dira jamais assez combien citer ses sources est primordial lorsqu'on partage sa généalogie pour éviter de reproduire des erreurs qui non seulement deviennent virales mais vous embarquent sur de fausses pistes... 

A suivre...

Illustrations : Benjamin Floutier (1882-1936) "Le village des Aldudes".
Cadastre napoléonien (1840) : cliquer dans l'image pour l'agrandir.
Sources : AD 64 (état civil et archives notariales), Gen&O, Geneanet, Filae.