samedi 11 juillet 2020

Les 7 frères Ipharraguerre d'Estérençuby (II)

Ces élèves de l'école d'Eagleville dans le Comté de Modoc du Nord-Est de la Californie qui posent devant l'objectif d'un photographe en 1902, ont-ils croisé les frères Ipharraguerre sans avoir la moindre idée d'où se trouvaient la France et encore moins la vallée reculée du Pays basque dont ils étaient issus ? Pierre et Michel ont-ils cru voir des ressemblances entre ces jeunes américains et leurs petits frères restés au pays ? Les sommets de la Sierra Nevada que l'on distingue à l'arrière-plan de ce cliché leur ont-ils rappelé le Pic familier de Béhorléguy ? Qui sait. 

- Michel Ipharraguerre est le quatrième de la fratrie mais c'est le premier à naître à Estérençuby dans la maison Ampo qui sera désormais le foyer de cette grande famille constituée uniquement de garçons. Né le 12 avril 1879, il a deux ans de moins que Pierre et cinq ans de moins que Bertrand. D'abord dispensé de service national pour cause de frère sous les drapeaux, il incorpore en mai 1900 le 9e régiment d'infanterie de Bayonne. 

Dès qu'il est dégagé de ses obligations militaires, il file en Amérique. Exactement comme Bertrand et Pierre, l'Armée note qu'il est en octobre 1903 à Reno (Nevada) puis en janvier 1907 à Eagleville (Californie). Il est fort probable que Pierre et Michel aient été présents au moment de la mort de leur aîné Bertrand. Cela les a peut-être poussés à tenter leur chance plus loin...

Mais comme Pierre avant lui, Michel rentre au pays trois ans plus tard pour se marier une semaine avant son frère, le 13 novembre 1910, avec une fille d'Estérençuby, Jeanne Suhit de la maison Arotçaenia. Et comme ses frères et tous les jeunes gens de sa génération, il est rattrapé par l'ordre de mobilisation générale du 2 août 1914.

De même que son aîné et bientôt son cadet, il se verra décerner la Croix de Guerre. Une citation résume son héroïsme : "Brave soldat (qui) a fait preuve de dévouement et d'un grand mépris du danger au cours des corvées très pénibles de ravitaillement en ligne pendant la période du 19 au 26 avril 1917".  Michel est renvoyé dans ses foyers le 7 février 1919. Il retrouve à Estérençuby sa femme et ses trois enfants, juste à temps pour fêter son quarantième anniversaire.

- Trois ans presque jour pour jour après Michel, la famille accueille un autre Pierre. Né le 2 avril 1882, l'appelait-on Pette ou Peio pour le différencier de ses frères ? Ni l'état civil ni son livret militaire ne nous renseignent là-dessus. En revanche, ce qui le distingue de ses aînés, c'est qu'il ne sera pas berger en Argentine ou en Californie puisqu'on le retrouve facteur à Paris en janvier 1909 puis à Bayonne en juin 1910.

Réserviste dans les PTT, il rejoint le front en mai 1916 en étant affecté au 2e Régiment du Génie de Montpellier. Le 15 août 1918, il reçoit un éclat d'obus à la cuisse. Comme celle de Michel, sa fiche matricule comporte une citation : "Sapeur courageux et dévoué, blessé au cours de la période difficile du 4 au 15 août 1918". Après Pierre et Michel, il reçoit la Croix de Guerre.

La Grande Guerre lui laissera des séquelles. Revenu à Bayonne début 1919, il souffre d'hydarthrose du genou et de troubles digestifs, ce qui lui donne droit à une pension de 20% en 1920 puis de 75% (!)  pour entérite chronique en 1925, année où il décède le 17 juin à Bayonne à l'âge de 43 ans. J'ignore s'il a eu le temps de fonder une famille...

A suivre...

SourcesGen&OAD64 (Etat civil et registres militaires)
Illustration : Cliquer dan la photo 

Billet précédent : https://bit.ly/2ZTZk46


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