Voilà encore une trouvaille due à Gallica : un fait divers rapporté par "Le Petit Parisien" (autoproclamé plus gros tirage des journaux du monde entier !) du 19 août 1911. Le correspondant basé à Pau,
apporte un éclairage sociologique à sa brève. Il précise en effet que la
tradition veut qu’au Pays basque, les hommes se placent en haut dans la tribune
tandis que les femmes et les enfants se tiennent en bas dans le chœur. Il ajoute
que les paroissiennes ont eu le temps de s’enfuir lors de la chute de la
tribune !
On imagine
l’émoi dans ce petit village souletin qui à cette époque, comptait 518
âmes ! Malheureusement pour eux, les villageois n’en
étaient pas quittes pour autant avec les risques que leur faisait courir la
vétusté de leur église ! Celle-ci va en effet donner lieu à un différend
entre le préfet des Basses-Pyrénées et le conseil municipal d’Aussurucq, un an
plus tard.
Le 26 novembre 1912 en effet, en pleine
séance de la Chambre des Députés à Paris, le représentant des Basses-Pyrénées,
Léon Pradet-Balade (Saint-Palais,1863 - Bayonne, 1931),
interpelle le ministre de l’intérieur lors des questions au gouvernement. Il
demande à ce dernier s’il est dans son intention de faire appliquer les lois de
1905 et 1908 concernant les églises. Il se méfie dit-il des préfets et prend
pour exemple … Aussurucq !
Et d’expliquer en séance le contexte : la commune d’Aussurucq était prête à restaurer le clocher de son église « qui menaçait ruine » prenant en conseil municipal « une délibération demandant au préfet l’autorisation de faire une coupe de bois [dans les bois communaux] pour un montant de 4900 F, somme correspondant exactement au devis des réparations » ce, afin de procéder à la reconstruction dudit clocher.
Et d’expliquer en séance le contexte : la commune d’Aussurucq était prête à restaurer le clocher de son église « qui menaçait ruine » prenant en conseil municipal « une délibération demandant au préfet l’autorisation de faire une coupe de bois [dans les bois communaux] pour un montant de 4900 F, somme correspondant exactement au devis des réparations » ce, afin de procéder à la reconstruction dudit clocher.
Quelques temps après, le maire reçoit du
préfet une réponse « laconique et sèche », selon M. Pradet-Balade, refusant
l’adjudication [des travaux], arguant que « la loi de séparation [de l’Eglise et de l’Etat] n’autorise aux communes que les
réparations des édifices du culte ; elles ne peuvent entreprendre des
travaux ni de construction ni d’embellissement ».
Très en verve, le député sous-entend alors
que le préfet n’a pas lu le dossier, resté pourtant en souffrance six mois en
préfecture ! Le reste relève de « Clochemerle » quand il
apparaît, toujours dans la bouche de M. Pradet-Balade, que le préfet « faisait
des niches au maire d’Aussurucq » pour une sombre affaire de désaccord au
sujet de la construction de la maison d’école [logement de l’instituteur] sur fond de favoritisme.
Le maire ne
cédant pas et menaçant le préfet de saisine du Conseil d’Etat, celui-ci tentait
alors de « l’intimider en lui interdisant de procéder à l’adjudication du
clocher». En bon avocat qu’il est, le député
Pradet-Balade conclut en rappelant aux préfets « leur devoir de
justice », stigmatisant « leurs errements et leurs actes de tyrannie
et d’arbitraire intolérables.»
Le
ministre de l’intérieur promet alors « d’examiner les faits » et
l’assure que son « plus vif désir [est]
que l’administration soit juste et agisse conformément à l’intérêt du
public.» On le voit, les débats de notre actuelle assemblée
nationale n’ont rien à envier à ceux qui avaient cours il y a un siècle. Il est
également amusant de noter que Léon Pradet-Balade était lui-même fils de
sous-préfet…
Illustration et sources : Gallica (photo de L. Pradet-Balade dans Le Petit parisien du 26 mai 1906
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