vendredi 1 février 2019

Biziak oroit hiltzeaz (I)

Mon intention était d'écrire un billet léger pour marquer le quatrième anniversaire de ce blog mais la généalogie étant ce qu'elle est, il n'est pas facile de savoir à l'avance où nos recherches vont nous mener. C'est ce qui m'est arrivé cette semaine, je me suis intéressée à une famille établie à Bordeaux, j'ai commencé à tirer le fil d'un récit, acte après acte, pour me retrouver dans une histoire digne de Zola !  

Alors que je cherchais à compléter une branche du côté du Béarn, celle des Epherre dit Socouet, deux actes de décès vers la fin de années 1870 attirèrent mon attention. A Lanne-en-Barétous, deux enfants de la même fratrie décédaient à un mois d'intervalle dans deux maisons différentes du village. Dans les deux cas, c'est leur père "nourricier" qui déclarait le décès de l'enfant.   

Fin décembre 1877, la mort du petit Camille, deux ans, était rapportée par le dénommé Honthaas, meunier, et le 30 janvier 1878, un maçon du nom de Jean Irigoyen venait signaler en mairie celle d'une petite Anne (Catherine Jeanne sur son acte de naissance), âgée de trois mois, soeur du premier. Dans chaque cas, il était précisé que l'enfant était né à Bordeaux au foyer de Jean Epherre, employé d'octroi dans cette ville, et Marie Jeanne Raguin Castagné, ménagère, son épouse.

Avec cette triste découverte, je n'étais hélas pas au bout de mes surprises ! Je commençais par retrouver l'acte de mariage du couple à Aramits, le 6 mars 1866 et à partir de là, arrivais à reconstituer la fratrie dont tous les actes de naissance sont en ligne sur le site des Archives de Bordeaux Métropole. Sept enfants, quatre filles et trois garçons, la constituaient, tous nés à Bordeaux, section 3, entre 1867 et 1877. 

Grâce à Filae et au travail d'indexation d'une association béarnaise*, je m'aperçus assez vite que deux aînés avaient perdu la vie dans les mêmes circonstances que leurs cadets, alors qu'ils étaient eux aussi placés en nourrice mais cette fois à Aramits, village natal de leur mère ! Le 8 février 1872, la mairie avait enregistré le décès d'un petit Adolphe de 15 mois dans la maison d'un certain Louis Constantin et le 11 octobre 1873, c'était au tour de sa sœur Sophie âgée de 20 mois, placée également.  

La question que je me pose est de savoir pourquoi les parents avaient mis leurs enfants en nourrice, la mère étant dite "ménagère", autrement dit, femme au foyer ? Etait-elle malade, avait-elle des problèmes qui l'empêchaient de s'occuper d'eux ? Quant aux enfants décédés avant leur deux ans, étaient-ils porteurs d'une maladie génétique ou comme beaucoup, victimes de mortalité infantile ? J'en arrivais même à me demander s'ils avaient été bien soignés dans leurs familles d'accueil. Un couple de Thénardier, je veux bien mais quatre ?

Autre surprise de taille pour moi, la découverte que cette famille dont je porte le nom à une lettre près, a vécu tout près de chez moi à Bordeaux. D'abord cours Portal, puis rue Lafontaine et enfin, rue Bertrand de Goth à proximité de ce qu'on appelait la route de Bayonne jusqu'en 1919 avant qu'elle ne devienne le cours de l'Argonne. 

Au 19e siècle, ce quartier de Nansouty vit affluer une forte vague d'immigrés espagnols. C'était un quartier populaire mais pas uniquement, composé de familles d'ouvriers, d'employés et de militaires. C'est là que fleurirent les fameuses échoppes bordelaises, un habitat plutôt modeste à cette époque, bientôt rejointes par les cités d'Habitation à Bon Marché (HBM).  

Jean, le père de famille était employé d'octroi ou octroyen, probablement dans un cadre tel que celui qui figure sur cette carte postale ancienne de la Porte de Bourgogne. Pour en savoir plus sur ce métier, je renvoie mon lecteur à l'excellent billet du blog Des aïeux et des hommes.

Quant à la saga de cette famille, j'aimerais pouvoir écrire que les choses vont s'arranger pour elle ...

[A suivre]
* GBMDV, Mémoire des Vallées du Béarn

Illustration : La Porte de Bourgogne, l'octroi et le tramway à Bordeaux.
Sources : AD 64, Archives Départementales de Bordeaux-Métropole, Gen&O,Filae.
Bibliographie : Dominique Dussol, "Saint-Genès-Nansouty", Ed. Le festin (novembre 2018) 

2 commentaires:

  1. Oh que oui ! Nous espérons tant que l'histoire de cette famille suive des cieux plus cléments !
    Quelle triste histoire :(

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    1. L'espoir était maigre en effet, Sébastien, un seul membre de cette famille aura connu finalement le XXe siècle. J'espère qu'elle aura eu une vie heureuse !

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