vendredi 19 juin 2015

Un orphelin couché sur un testament mais non reconnu

Presque une semaine que je fais des recherches pour livrer une histoire complète. Peine perdue. Je vais donc la raconter avec les éléments que j'ai réunis et accepter une fois de plus que la généalogie c'est aussi des questions sans réponses...

Grâce au remarquable travail de transcriptions d'actes que fait l'association Gen&O, je suis tombée par hasard sur des minutes notariales où il était question d'un inventaire de biens suite au décès d'un certain Pierre Eppherre-Iriart du village d'Abense-de-Haut. Cette lignée me pose problème depuis le début de mes recherches car je n'arrive pas à la relier à ma généalogie alors qu'il s'agit d'Eppherre qui plus est alliés à des Irigoyen de Suhare. Mais passons, là n'est pas mon propos.

Ce que je comprends de cet acte daté du 10 décembre 1855, c'est qu'il fait suite au testament laissé par le défunt et déposé chez Maître Jean Casenave, notaire à Mauléon, le 25 août 1855. Le malheureux décèdera trois jours plus tard dans sa maison de Bertereix d'Abense-de-Haut. Il avait 25 ans. Selon ses dernières volontés, il lègue ses biens à son père Jean Eppherre-Iriart, lui recommandant de faire célébrer 80 messes pour le salut de son âme, de payer vingt francs aux pauvres de la paroisse, sept à ceux de Garindein et de donner cinq francs pour la réparation de l'église d'Abense.

Là où l'affaire devient intéressante c'est qu'il est ensuite question d'un enfant orphelin d'environ cinq mois dont Pierre laisse à son père la charge de le nourrir et de l'entretenir "de dos et de table" et de l'élever comme il convient. Il en fait l'héritier des biens dont "il peut disposer", l'usufruit allant à son père. Il précise que cet enfant vit auprès d'une certaine Marie Ayphassorho dite Eyheressague, sa mère, domiciliée à Chéraute. Aucune mention des liens qui le lient à la mère ou à l'enfant.
  
Après quelques recherches, j'ai trouvé l'acte de naissance de l'enfant, Pierre, né le 13 avril 1855 à Roquiague, de Marie Ayphassorho de la maison Eyheressague, âgée de 30 ans (elle est née le 1er mars 1825) et de père inconnu. La déclaration n'est faite que six mois plus tard à la mairie de Roquiague le 26 octobre 1855 par Jean Ayphassorho, oncle paternel de l'enfant.

Plus étonnant encore, le 1er septembre 1855, donc deux jours après le décès de Pierre Eppherre-Iriart, Marie se rend à l'étude de Maître Casenave pour déclarer qu'elle est bien la mère d'un enfant naturel né le 23 avril 1855 (date différente de celle indiquée en mairie), nommé Pierre Ayphassorho et né de père inconnu. Un peu comme si elle avait voulu être sûre que cet enfant ait un avenir avant de le reconnaître...

Les questions que je me pose à propos de cet enfant sont nombreuses. Pierre était-il son père ? Dans ce cas, pourquoi en avoir fait son héritier sans le reconnaître ? Qu'est-il advenu de lui et de sa mère ? Mes recherches sont rendues très compliquées par le fait que deux des frères de Marie se prénommaient Pierre, comme leur père, et ont à leur tour donné ce prénom à leurs fils...

J'ai même imaginé que l'enfant ait pu être élevé par son grand-père paternel putatif à Abense, mais là non plus, je n'ai rien trouvé dans les archives du village, sinon que Jean Eppherre-Iriart dit Bertereix est décédé à l'âge de 97 ans ! Un peu tard pour que son hypothétique petit-fils puisse hériter de quelque chose. Mais les Eppherre étant gens de parole, je ne doute pas qu'il ait subvenu aux besoins de cet enfant...

Illustration : Mauricio Flores Kaperotxipi

3 commentaires:

  1. Finalement c'est une bonne idée d'avoir arrêté d'appeler tous les enfants Pierre et Marie ! (remarque qui ne fera pas avancer la cause de la généalogie, je sais, mais je n'ai pas cette prétention). ;)

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  2. Tu sais Hermione que je me suis fait la même réflexion ! J'ai beau m'appeler Marie, je commence à en souper de ces deux prénoms (sans parler de Dominique ;))

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  3. Mise à jour le 17/09/2020

    Je reçois ce jour le courriel d'une certaine Michèle Ayphassorho qui est l'arrière-petite-fille de cet enfant, Pierre Ayphassorho et voilà ce qu'elle m'écrit :"Je réponds donc à certaines questions de votre blog : oui, Jean Ep(p)herre (père) a respecté à la lettre les dernières volontés de son fils décédé, il a pris en charge l'éducation de son petit fils biologique, l'a établi à Mauléon... et lui a permis une belle ascension sociale, laquelle a été poursuivie par trois générations! (merci Jean Ep(p)herre Iriart)."

    Le genre de petites joies que nous procure la généalogie...

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