dimanche 31 mai 2015

Pierre après Pierre...

Depuis un mois que je suis rentrée du Pays basque, j'ai décidé de concentrer mes recherches sur le berceau de notre famille du côté de mon grand-père paternel Pierre, à savoir Aussurucq dans les Pyrénées Atlantiques (autrefois Basses-Pyrénées) et plus précisément dans la Soule, l'une des trois provinces françaises du Pays basque.

J'ouvre une parenthèse pour dire que ces dernier jours, Gallica, la bibliothèque numérique de la BNF, a lancé un défi rigolo : retrouver son village dans les cartes de Cassini. Tout le monde y est allé de son hashtag #MonBledDansCassini sur Tweeter et autres réseaux sociaux, moi comprise. Et comme le montre la photo ci-dessus, Aussurucq, orthographié Außuruc, existait bien au 18e siècle.

Mais revenons à mes recherches. L'une de mes branches remonte à Pierre Lohitçun et Marianne Sagardoy, tous deux nés circa 1747. Je n'ai trouvé ni leur actes de baptême ni leur acte de mariage mais ils sont mentionnés dans l'acte de mariage de mes aïeuls Joseph Lohitçun et Marie Etcheber, le 27 mai 1809  à Aussurucq. Marie étant née à Ordiarp, j'ai retrouvé son acte de baptême le 6 juin 1784 mais pas celui de Joseph né à Aussurucq vers 1785, le registre des baptêmes, mariages et sépultures (BMS) de l'époque étant très lacunaire.

Il manque ainsi tous les actes des années 1781 à 1788. Frustrant d'autant plus que j'ai retrouvé les actes de trois de ses frères nés en 1776, 1778 et 1780 et là surprise, ils s'appelaient tous ... Pierre ! Et devinez comment se prénommait le cadet de Joseph, né probablement en 1789 ? Pierre encore !!! Qui sera suivi d'un Jean, enfin !

J'ai déjà raconté dans un précédent billet avoir retrouvé trois Anne dans la même fratrie mais là, quatre Pierre sur six frères, ça me paraissait carrément ... abusif ! Je m'en suis émue sur Twitter et voilà le message que j'ai reçu de Didier, un généalogiste très pointu, que je remercie pour ses explications :

"Donner un seul prénom permettait de tricher sur l'impôt par capitation, sur les recrutements militaires, et également, après la Révolution qui l'avait aboli, de continuer à pratiquer le droit d'aînesse. Enfin, c'était aussi une forme de désobéissance civile vis-à-vis des autorités qu'on récusait ainsi pour des affaires privées".

Une seule de ces explications m'aurait déjà suffi mais je dois dire que depuis que je m'intéresse à mes ancêtres basques, chacune est éclairante et fort plausible. Pour conclure, dans son acte de mariage, Joseph est présenté comme premier né de la fratrie et Pierre, son cadet, comme le second de la fratrie dans le sien.

D'où j'en déduis que les trois premiers Pierre sont morts en bas âge et ne sont même pas passés à la postérité. Sans ces vieux registres même très incomplets, ils n'auraient eu aucune existence...

mardi 26 mai 2015

Un exemple parmi d'autres de sérendipité

La sérendipité c'est le fait de trouver ce qu'on ne cherche pas. En généalogie, c'est tellement courant que je me fais des petites fiches intitulées "sérendipité" quand par hasard je tombe sur quelque chose que je ne cherchais pas ou plus. Ou bien qui peut s'avérer utile plus tard.

Dans le billet Élisabeth et Marie-Jeanne, je m'attardais un moment sur le mariage d’Élisabeth Lohitçun et d'Antoine Larrive en 1851 à Aussurucq, leur cherchant brièvement une descendance du côté de Licq-Athérey d'où était issu Antoine. Je ne trouvai rien et décidai de laisser tomber dans l'immédiat, cette branche n'étant ni directe ni très importante pour moi. 

En passant, je notai néanmoins dans les tables décennales de la commune de Licq-Athérey (Licq et Athérey ont été réunies en 1843) le mariage d'un Dominique Larrive avec une Marguerite Jauréguy le 12 février 1866. Après avoir passé plusieurs jours à remonter ma lignée directe à Aussurucq jusque avant la Révolution, je décidai hier de m'offrir une petite récréation en revenant à cet acte de mariage. 

Rapidement, je m'aperçois que Dominique Larrive est effectivement un frère cadet d'Antoine (mêmes parents, même maison) né huit ans après son frère, le 1er avril 1822. Mais quelle n'est pas ma surprise de m'apercevoir que son mariage avec Marguerite est en fait un remariage et qu'il est alors veuf d'une certaine ... Annette Eppherre !

Peu d'informations sur cette dernière si ce n'est sa date de décès le 22 juillet 1861 toujours à Licq-Athérey. Son acte de décès m'apprend qu'elle est âgée de 38 ans à sa mort, elle est donc née autour de 1822/1823. Dans mon arbre, il y a bien une Anne Eppherre née le 26 juillet 1822 à Sunharette, fille de Simon Eppherre dit Recalt (ca 1772-1852) et de Marie Iriart ou Inchauspe (ca 1778-1850), mes sosas 32 et 33.

Je ne sais rien d'elle si ce n'est qu'en 1846, elle a eu à Sunharette dans la maison familiale de Recalt, une petite fille née de père inconnu. Il ne me reste plus qu'à rechercher son acte de mariage avec Dominique Larrive. Que je trouve, non pas à Sunharette (les mariages se faisaient souvent chez la fiancée) mais à Licq-Athérey, le 23 novembre 1852. Et il s'agit bien de "mon" Anne Eppherre.

Pendant leurs neuf années de mariage, ils auront quatre garçons de 1854 à 1859. A la mort d'Anne (surnommée Annette), Dominique se remarie donc avec Marguerite Jauréguy du village d'Ainharp. Ensemble, ils auront une fille Marie, née en 1869 avant qu'à son tour Marguerite ne décède le 23 décembre 1875, elle aussi à 38 ans. Il la suivra d'un mois puisqu'il meurt le 27 janvier 1876.

Peut-être en saurai-je un peu plus un jour sur la famille d'Antoine Larrive et Élisabeth Lohitçun ? Laissons faire la sérendipité... 

Illustration : Ramiro Arrue y Valle

 

jeudi 21 mai 2015

Où une fille unique ... ne l'a pas toujours été

William Bouguereau
Dans un de mes premiers billets, j'affirmais que mon arrière-arrière-grand-mère était fille unique. Je m'appuyais pour cela sur son contrat de mariage. Moralité, en généalogie, il faut se méfier de tout même des actes de notaire ! Pour dédouaner ce brave officier ministériel, je dirais que Marie-Jeanne Dargain (1833-1907) était en effet fille unique et orpheline de sa mère au moment de son mariage en 1851 avec mon arrière-arrière-grand-père Dominique Irigoyen (1829-1898) ... mais cela n'a pas toujours été le cas.

Presque par hasard, je lui ai trouvé une petite sœur, hélas décédée à l'âge de deux ans. Pourquoi ne l'ai-je pas découverte avant ? Parce que son nom était orthographié différemment de celui de sa sœur aînée et que pour couronner le tout, son prénom avait changé entre son acte de naissance et son acte de décès ! 

Ah, ces maires, secrétaires de mairie et autres scribes de l'état civil que de chausse-trapes nous posent-ils à nous pauvres limiers des archives ! Il en est parmi eux des tatillons, des négligents, des bavards, des laconiques. Il m'est arrivé à deux siècles d'écart de pester contre tel ou au contraire de bénir tel autre qui en un acte me fournissait un tas d'informations importantes !

Quand j'ai commencé, je ne comprenais pas toujours ces généalogistes qui tel Sisyphe et son rocher reprenaient régulièrement leur recherches à la base. Il est pourtant si facile de passer à côté d'un acte, de mal l'interpréter, de commettre la fameuse erreur de soustraction de tout débutant ou de se tromper de branche. Notre vie n'est pas toujours linéaire, celle de nos aïeux pouvait prendre aussi des chemins de traverse...     
 
Pour en revenir à Marie-Jeanne, si son père Pierre (1800-1853) ne s'est pas remarié après le décès de sa femme Marie (1809-1842) et de sa deuxième fille Engrâce ou Marie (1838-1840), ce ne fut pas le cas de son propre père Jean (ca 1768-1838). Veuf de sa première femme Engrace Laborde (ca 1767-1824), mon aïeule donc, il épousa en secondes noces une Marie Jaury de 50 ans. Vu leur âge avancé, ils n'eurent pas d'enfants...

Jean de son côté, avait eu un demi-frère Arnaud (ca 1775-1828) né de son père Luc et de sa belle-mère Marie Aguerreberry (ca 1744-1812). Lequel Arnaud épousa Marie Erretin (ca 1775-1828) et eut avec elle une descendance (au moins cinq enfants recensés à ce jour). Bref, tout ce petit monde s'appelait Argain, nom transformé en D'Argain, puis Dargain à partir de mon arrière-arrière-grand-mère, auquel on accola Laxalt, du nom de leur maison. Et tous de leur vivant habitant le même village !

On comprendra alors la difficulté de "retrouver ces petits" et l'explication de la découverte un peu tardive de cette petite sœur ...  
Tables décennales [1833-1842] à Aussurucq : Dans la colonne de gauche, naissance de D'Argain Marie (ma sosa 19) le 20/05/1833, dans celle du milieu, naissance d'Argain Engrace, le 19/08/1838 et dans la colonne de droite, décès de Argain-Laxalt Marie (en fait Engrace !) le 12/11/1840 et de Argain Pierre le 13/01/1840 (nouveau-né et petit-fils d'Arnaud Argain).  

mardi 12 mai 2015

Elisabeth et Marie-Jeanne

La généalogie offre à qui aime raconter des histoires un terreau inépuisable. Même si elle repose sur des faits avérés et vérifiés, du moins par ceux qui s'y consacrent sérieusement, elle permet de se perdre en conjectures, de se livrer à bon nombre d’interprétations et parfois, de laisser tout simplement courir son imagination. Ainsi de l'histoire que je vais vous raconter.

Marie-Jeanne Dargain-Laxalt, mon arrière-arrière-grand-mère qui décidément m'inspire, était fille unique. Son père Pierre était âgé de 33 ans à sa naissance, sa mère Marie de 24 ans. Comme je l'ai déjà évoqué , ils s’étaient mariés le 22 mai 1833, deux jours après la naissance de Marie-Jeanne ! 

Moins de neuf ans plus tard, Marie décédait. Pierre ne se remaria pas et Marie-Jeanne resta fille unique. Mais dans un petit village, on est rarement seul et on peut envisager sans trop de risque d'erreur qu'elle s'éleva au milieu d'une ribambelle de cousins. Récemment, je me suis intéressée à la nombreuse fratrie de sa mère, Marie Lohitçun (sosa 40), deuxième d'une famille de quatorze enfants. C'est ainsi que je me suis aperçue que la benjamine, Élisabeth, était née le 25 décembre 1829.

Comme c'est souvent le cas, la tante avait donc à peine trois ans et demi de plus que sa nièce. J'ai alors imaginé que les deux fillettes avaient été très proches, voire élevées ensemble quand la mère de Marie-Jeanne mourut prématurément. Un détail me fait penser que je suis dans le vrai. Mon arrière-grand-mère Élisabeth Irigoyen, fille de Marie-Jeanne donc, portait un prénom que je n'avais jamais rencontré auparavant. De là à penser qu'elle était la filleule d’Élisabeth, il n'y a qu'un pas ...

Plus troublant, le père de Marie-Jeanne, Pierre Dargain était sous-lieutenant des douanes françaises ainsi que son propre père Jean avant lui. Or le 14 octobre 1851, quelques semaines avant que Marie-Jeanne ne se marie avec mon arrière-grand-père, Dominique Irigoyen, l'instituteur du village (le 27 novembre 1851) qui Élisabeth Lohitçun épouse-t-elle ? Un certain Antoine Larrive originaire de Licq et sous-brigadier des douanes à Cette, dans l'Hérault !  

Élisabeth a quinze ans de moins que lui quand ils se marient et je suppose que c'est par l'entremise de son beau-frère Pierre Dargain qu'ils se rencontrent. J'aurais aimé vous en dire plus sur ce couple, où ils vécurent et s'ils eurent des enfants mais pour l'instant, je n'ai rien trouvé les concernant ni à Aussurucq ni à Licq, et je cherche toujours du côté de Sète.

Mais je me plais à imaginer qu'ils ont eu une petite fille, prénommée Marie-Jeanne ...

Epilogue : Aucune petite Marie-Jeanne n'est venue égayer le foyer d'Elisabeth et d'Antoine. Je n'ai pas retrouvé le dossier de douanier de ce dernier à Bordeaux, juste une indication dans le Bulletin des Lois (pensions civiles) précisant qu'il avait pris sa retraite en 1872 à Bayonne comme chef douanier.
En revanche, les hasards de la sérendipité m'ont fait retrouver le testament du couple (chaque conjoint léguant son héritage à l'autre) chez Maître Charles Diligo, notaire à Mauléon, le 2 octobre 1893, dans lequel ne figure aucune mention d'enfants.
Antoine et Elisabeth se sont établis à la fin de leur vie à Sauguis dans la maison Elichagaray où Antoine décédera le 5 janvier 1895 à 80 ans. Elisabeth, quant à elle, a dû s'éteindre après 1905 (date limite des tables de décès en ligne). Rappelons-nous qu'elle était beaucoup plus jeune que son mari. Pourquoi Sauguis qui finalement n'est qu'à un jet de pierre d'Aussurucq ? A la fin de sa vie, la benjamine s'est peut-être rapprochée de sa sœur la plus proche, Marie. Mariée à Arnaud Ihits, natif de ce village, le couple a eu une nombreuse progéniture. Peut-être une manière pour Elisabeth de retrouver l'ambiance de famille nombreuse de son enfance ? Quant aux deux "cousines", Marie-Jeanne étant décédée en 1907, je me plais à les imaginer se rendant souvent visite l'une l'autre au crépuscule d'une vie bien remplie...
(Février 2019)
IllustrationKnud Erik Edsberg

mercredi 6 mai 2015

Où ma généalogie grandit de façon exponentielle


Valentin de Zubiaurre
La semaine dernière, je suis partie à la chasse aux ancêtres ... sur le terrain. Finies les longues veillées à m'esquinter les yeux sur mon écran, en essayant de déchiffrer les hiéroglyphes des archives départementales. Vive le contact humain des secrétariats de mairie et l'air vivifiant des cimetières ! Je ne sais pas vous mais moi, j'adore les cimetières.

Du coup, je suis revenue avec ma besace pleine d'actes à saisir et une généalogie qui s'est étoffée  pour dépasser les 400 membres. Il faut dire qu'à Aussurucq, berceau de ma famille, mes aïeux étaient spécialistes des familles nombreuses. Mon grand-père, Pierre, dont j'ai trouvé l'acte de naissance le 30 septembre 1901 - un grand moment d'émotion ! - était le dernier d’une fratrie de 11 enfants.

D'ailleurs, à quoi ça tient d'être en vie quand on y réfléchit, les trois frères et sœurs qui l'ont précédé sont décédés en bas âge. Quant à Michel, le huitième de la fratrie (1895-1916), il est tombé au champ d'honneur à Verdun, à 21 ans... Parmi les aînés de mon grand-père, l'un, Dominique (1884-1944) a eu à son tour 11 enfants. 

J'en ai bien connu quelques-uns, deux d'entre eux sont encore de ce monde, et j'ai eu la chance d'en revoir une la semaine dernière. Une belle amatxi de 90 ans qui s'excusait presque de ne pouvoir partager plus de souvenirs. Sa sœur aînée aurait su, elle, mais elle est partie l'an dernier quelques jours avant ses 101 ans !

A la génération d'avant, celle que j'ai déjà évoquée , mon arrière-arrière-grand-mère, Marie-Jeanne Dargain-Laxalt (1833-1907), fille unique, avait eu 13 enfants avec son mari Dominique Irigoyen (1829-1898). Sa maman, Marie Lohitçun (1809-1842), morte prématurément, était elle-même issue d'une fratrie de 14 enfants. Tous ne sont pas arrivés à l'âge adulte et peu d’entre eux en fin de compte se sont mariés et ont assuré une descendance. 

Même si le travail de recherche, de saisie dans l'arbre généalogique, de transcription des actes, peut parfois s'avérer fastidieux, je ressens toujours beaucoup d'émotion en pensant à toutes ces vies passées, ponctuées de moments de bonheur et de drames.

A tous ces aïeux qui font que je suis là aujourd'hui, maillon d'une chaîne ininterrompue depuis plusieurs siècles, j'ai envie ce soir de dire tout simplement : merci.