samedi 7 février 2015

Dis-moi où tu habites, je te dirai qui tu es


Raymond Virac
Dans sa "Monographie de la commune de Saint-Jean-Le-Vieux, publiée en 1898, Louis Etcheverry révèle que "dans les vieux registres du XVIIe siècle, on ne voit apparaître que le nom des maisons. Il a fallu attendre les livrets militaires et les appels sous les drapeaux pour révéler à une foule de jeunes gens leur nom patronymique qui gisait caché dans des actes civils et notariés mais n'étaient pas d'un usage courant".

Les noms basques nous dit Philippe Oyhamburu "sont issus dans leur grande majorité de la maison souche (etxondoa) qui elle-même est le plus souvent déterminée par les détails du lieu où elle est érigée. Quelques exemples : Etchemendy (comme notre grand-mère) la maison sur la montagne, Irigoyen, le "domaine le plus haut", Lizarazu, la (maison) dans la vallée des frênes, etc. 

Dans "Les gens du Pays Basque", Serge Pacaud explique : "Au centre de la société basque, la Maison représente l'originale entité de chaque famille. La préoccupation majeure de la famille est de conserver le patrimoine, la maison et ses dépendances, qui ne doivent ni se diviser ni se désagréger. Ce patrimoine constitue un tout, propriété de la famille et dont nul ne peut disposer pas même le maître de Maison (etxeko jaun).

Le bien est toujours transmis à l'aîné des enfants, garçon ou fille ! Le nom de la maison est donné au gendre qui épouse l'héritière de la maison. Même les domestiques, lorsqu'ils ont passé de nombreuses années au service d'une famille, sont appelés par leur prénom suivi du nom de la maison où ils travaillent.

Cette explication sommaire me paraît nécessaire à ce stade pour expliquer les Inchauspé dit Harismendy, les Epherre dit Irigoyen, les Dargain dit Laxalt, etc, rencontrés jusque là. Toujours Serge Pacaud : "Le gendre est une espèce de "prince consort" qui règne mais ne gouverne pas. Le mariage entre un héritier et une héritière est inenvisageable. La règle est qu'un héritier épouse une cadette et qu'une héritière épouse un cadet. Dès lors, celui qui entre dans la maison-souche y apporte sa dot, lui consacre toute son activité et ne tarde pas à fondre son individualité dans la maison dont il prend le nom."

Cette tradition qui perdurera jusqu'à la Révolution française et au-delà, (les lois dites égalitaires du 7 mars 1793 seront allègrement contournées devant les tribunaux !), scellera aussi le sort de nombreux cadets. "Condamné au célibat, le cadet travaille comme ouvrier agricole ou berger. Beaucoup n'auront d'autres choix que de devenir contrebandiers ou de s'exiler...

Sans parler des sœurs qui ne se marieront pas et feront office de servantes dans leur maison natale ou chez d'autres". En effet, seuls deux couples, celui des "maîtres vieux" et des "maîtres jeunes" peuvent vivre sous le même toit, chacun avec sa propre cuisine, selon certains manuels ... On ne mélange pas les torchons et les serviettes !  

3 commentaires:

  1. Lors de mon séjour au pays Basque à Urrugne très exactement, j'ai eu la surprise et la très grande joie de retrouver -tout à fait- par hasard, une amie d'enfance, donc Lilloise. Elle passait toutes ses vacances à Hendaye, elle a pris goût au pays a épousé un Basque et s'y est installée. Aujourd'hui elle se dit plus Basque que Chti....ce que j'ai BEAUCOUP de mal à comprendre tant mes attaches au plat pays sont fortes...Bref tout cela pour te dire, qu'elle et son mari nous ont gentiment invité chez eux. Leur maison a un nom: Arto Pean" je connais la signification mais je m'amuse à tester ta connaissance de la langue de tes ancêtres...et telle que je te connais tu ne lâcheras pas l'affaire tant que tu n’auras pas trouvé ??? me trompe-je ;-)

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  2. D'après mon dictionnaire, littéralement : pois de maïs. Je dirais en bon français "grain de maïs" ?

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  3. D'après mon père, ça veut dire "sous les maïs". Alors, le résultat ?

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